« Le prix de la matière première représente entre 50 et 60 % du coût de fabrication d’un produit de charcuterie, rapporte Bernard Vallat, président de la Fict, ce jeudi 23 mai 2019 lors d’une conférence de presse à Paris. Or le prix des pièces s’est apprécié de plus de 30 % depuis mars dernier. »
Pourquoi ? Parce que les importations chinoises de viande porcine se sont nettement accrues depuis le début du printemps, en lien avec l’épizootie de peste porcine africaine qui décime le cheptel du pays. « La hausse des prix devrait encore s’amplifier dans les prochains mois, et durer pendant au moins deux ans. »
« Répercuter les tarifs aux enseignes ».
En conséquence, les entreprises de la Fict s’estiment « prises dans un effet ciseau », entre la hausse du prix d’achat de leur matière première auprès des abatteurs, et l’impossibilité de les répercuter sur les contrats annuels signés avec la distribution en début d’année.
« Notre défi est de convaincre les distributeurs de renégocier ces contrats, alors que rien ne les y oblige, précise Bernard Vallat. Néanmoins, la situation actuelle fragilise gravement les acteurs du secteur de la charcuterie, composé à 90 % de petites et moyennes entreprises. Près de 83 % de produits de charcuterie sont vendus en distribution. Personne n’a donc intérêt à ce que ces difficultés s’accroissent. »
Saisine du médiateur
Pour appuyer sa démarche, la Fict a sollicité le médiateur des relations commerciales agricoles, qui « se dit prêt à engager le dialogue avec les distributeurs dans l’immédiat et en continu si la crise perdure ». « La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) s’est montrée sensible à la question et a demandé à ses enseignes de renégocier, rapporte Bernard Vallat. Intermarché a également sollicité ses adhérents dans ce sens. Il faudra juger sur pièce et veiller à ce que des clauses ne soient pas ajoutées en contrepartie. »
Les indicateurs interprofessionnels de la filière porcine issus des États-généraux de l’alimentation et diffusés mensuellement pourraient apporter de l’eau au moulin des entreprises de charcuterie. « Les prix des pièces y figurent. Mais il faudra encore attendre juin pour avoir les données actualisées. À ce jour, les tarifs qui publiés sont nettement en dessous de ceux pratiqués en réalité. »