Au-dessus de la ville de Crolles (8 300 habitants, près de Grenoble en Isère), les coteaux sont mangés par la friche. « Si ces surfaces autrefois mises en valeur par la vigne et l’élevage ont été abandonnés, ce n’est pas pour rien », pointe François Devret, polyculteur-éleveur sur la commune.

Trop de pente, pas assez d’eau : elles sont difficilement exploitables. Mais aujourd’hui les terrains plats se font rares, et les digues érigées pour protéger les maisons des chutes de pierre empiètent sur les prés en bas de pente. « Nous avions besoin de retrouver des surfaces exploitables », reprend l’agriculteur, qui a adhéré à l’initiative de la commune visant à reconquérir les coteaux.

« L’enjeu était multiple : redonner des surfaces à l’agriculture, gérer le risque incendie et recréer une mosaïque de paysages », souligne Amandine Chalvin, cheffe du service de l'environnement de la ville. En 2015, le choix de l’outil juridique s’est porté sur la création d’une association foncière agricole autorisée (AFAA). Son périmètre, autrefois exploité, couvre 70 ha majoritairement en friche, répartis entre 320 propriétaires.  

Ouverture d’espaces

Faisant suite à l’enquête publique, le préfet a autorisé la création de l’AFA – malgré les réticences de certains propriétaires. La ville, qui possède 30 % des surfaces, en assure la présidence. « L’AFA peut prendre des décisions contre l’avis d’un propriétaire, si elle a l’accord de la majorité, précise Amandine Chalvin. Mais nous voulons éviter les conflits. » Deux hectares ont été défrichés.

François Devret (lui-même membre de l’AFA en tant que propriétaire) a bénéficié de surfaces réouvertes en 2020. « Grâce à l’AFA, nous avons perçu 95 % d’aides pour réaliser ces travaux, dont le coût peut dépasser 10 000 €/ha », souligne l’agriculteur. Pour lui, ces surfaces sont stratégiques pour allonger la saison de pâturage de ses génisses. « Mais elles sont difficiles à exploiter.

Une fois débroussaillées, il faut encore passer le broyeur deux fois par an car les acacias regagnent vite du terrain. » Un autre exploitant a bénéficié d’une opération de défrichage pour planter de la vigne. D’autres travaux seront lancés au fur et à mesure que des porteurs de projet agricole se feront connaître. Ils sont peu nombreux, vu la pente et l’absence d’eau.

Grâce à l’AFA, François Devret a pu bénéficier d’aides pour rouvrir une parcelle enfrichée.