Une nouvelle solution de couverture contre la volatilité des prix : tel est présenté Quideos, qui a été officiellement lancé auprès de la presse le 6 novembre 2025 par Mickaël Delmas et Gaël Pagès, ses deux cofondateurs. La startup, fondée en 2023, a obtenu son agrément en tant qu’entreprise d’investissement auprès de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), sous la supervision de l’Autorité des marchés financiers (AMF), en septembre 2025. Elle a levé 5 millions d’euros de fonds pour se lancer, et espère pouvoir fonctionner sans nouvelle levée de fonds. Son objectif : proposer des options de couverture face aux variations des prix ou des marges pour couvrir les opérations en cas de gros aléas de marché.
Environ 600 produits animaux, végétaux et intrants
Porc, volaille, œufs, blé, orge, soja, fruits et légumes, engrais… Environ 600 produits peuvent être couverts via leurs services. Quideos s’adresse à la fois aux vendeurs (agriculteurs, coopératives…) et aux acheteurs (industries agroalimentaires… ). 15% des référencés sont bio.
Le fonctionnement est assez simple. Un acteur, vendeur ou acheteur, qui choisit de souscrire à un produit de couverture de Quideos paie une prime de couverture. Une indemnité est versée lorsque le prix du marché descend en dessous du prix couvert pour un vendeur sur une période donnée ou lorsque le prix monte au-dessus pour un acheteur. Les références de prix utilisées sont issues de diverses sources reconnues, par exemple l’Insee, FranceAgrimer, la Commission européenne, ou encore Inaporc. Le coût de la couverture est calculé selon plusieurs paramètres (produit concerné, quantité, durée du contrat, niveau de prix à sécuriser…). Elle « représente souvent entre 2 % et 4 % du prix du marché », indique Mickaël Delmas.
Produits non concernés par un marché à terme
Selon l’entreprise, le mécanisme peut plus particulièrement intéresser les filières qui ne sont pas couvertes par un marché à terme, c’est-à-dire la majorité d’entre elles. C’est par exemple le cas dans le secteur porcin : les acteurs de la filière avaient voulu en créer un il y a quelques années sans y parvenir, faute de liquidité (d’offre et de demande).
« Nous venons avec un mécanisme qui permet de recréer les conditions du marché à terme sans en être un », déclare Mickaël Delmas. Et de préciser que leur objectif n’est pas de se substituer au Matif (marché à terme français), qui concerne principalement le blé et le maïs, mais de proposer des options de couverture complémentaires. Pour le maïs par exemple, Quideos revendique l’intérêt de pouvoir se couvrir sur une référence de prix physique, plus « proche » du réel que le Matif (Fob Rhin par exemple).
« C’est un outil qui n’est pas spéculatif, il sert l’économie réelle », appuie par ailleurs Mickaël Delmas. L’offre Quideos s’adresse en effet seulement aux acteurs produisant ou achetant effectivement les produits considérés, et ne permet pas la revente de couverture (pas de couverture secondaire).
Objectif : 1 milliard d’euros de produits agricoles couverts d’ici à quatre ou cinq ans
Les premières opérations devraient être lancées d’ici à quelques semaines. Pour l’heure du côté des vendeurs, l’outil s’adresse plutôt à de gros agriculteurs (plus de 30 millions d’euros de chiffre d’affaires) ou aux coopératives. Ces dernières pourront les proposer à leurs agriculteurs coopérateurs. Une centaine de clients seraient déjà prêts à s’engager. Les acteurs bancaires sont également intéressés, selon les deux cofondateurs. Ils expliquent ainsi qu’adosser un contrat Quideos à un prêt permet de dérisquer une opération. L’État se montre également intéressé, selon Mickaël Delmas : l’outil de couverture « pourrait potentiellement réduire les indemnités versées par l’État via l’assurance récolte en cas de crise », explique-t-il.
« D’ici à quatre ou cinq ans, nous visons 1 milliard d’euros de produits agricoles couverts », se projette Mickaël Delmas. L’entreprise souhaite dans un premier temps se développer en France, mais voit aussi du potentiel à l’international.