De la bière et des pâtes pour se diversifier

Après une formation d’animateur socio-culturel, Bertrand Coustenoble, 50 ans, n’avait pas prévu de reprendre la Ferme des Mottes, l’exploitation familiale située à Marquillies, dans la métropole lilloise (Nord). Il revient travailler avec sa mère en 2000, suite au décès de son père, avec un projet de ferme d’animation sociale pour des personnes en réinsertion professionnelle.

L’exploitation comptait alors 30 ha de blé tendre, d’orge de printemps, de pommes de terre et d’endives, ainsi que quelques pieds de courges. « Mais la conjoncture économique était difficile à l’époque, avec un blé à moins de 100 €/t et j’ai préféré ne pas démarrer ce projet », raconte Bertrand.

Du champ à la chope

Curieux de nature, il se lance alors lancé dans la culture de tabac, sur 2 ha, avec la coopérative d’Arras qui cherchait des producteurs. Mais lorsque sa mère lui cède l’exploitation en 2007, il perd les DPU tabac, soit un manque de 6 000 € d’aides par an. Les prix de la culture du tabac s’écroulaient et il était difficile de trouver des saisonniers, il décide alors d’arrêter. « J’ai dû trouver un projet d’installation avec une production à plus forte valeur ajoutée », explique l’agriculteur dont l’objectif était de transformer lui-même ses récoltes.

Étant brasseur amateur, il décide de monter une microbrasserie à la ferme, en rénovant ses bâtiments. « Il y avait très peu de microbrasseries à l’époque. Que ce soit la banque ou les voisins, personne n’y croyait ! Mais le succès a été au rendez-vous et nous sommes arrivés en deux à trois ans aux volumes de bière produits aujourd’hui », se félicite Bertrand. Il a été rapidement contacté par des magasins fermiers collectifs qui commençaient à se développer, ce qui fût un « véritable appel d’air ».

Il cultive pour cela 10 ha d’orge de printemps, selon un itinéraire orienté davantage sur la qualité que la quantité. Toute l’orge est stockée à la ferme en attendant de partir à la malterie du château de Belœil en Belgique. C’est la seule que Bertrand ait trouvée pour faire du maltage à façon afin de pouvoir bénéficier du label « Bière fermière ». « C’est une fierté de dire que c’est notre produit du champ à la chope, plaisante-t-il. Cela nous démarque des autres et donne du sens au métier. » Le houblon, intégré à l’orge maltée, est acheté à Coophounord, la coopérative houblonnière du Nord.

Le pari du blé dur

En 2012, il décide de créer un atelier de fabrication de pâtes sur l’exploitation, en relevant le défi de cultiver du blé dur dans le Nord ! Pari réussi. C’est sa femme, Ingrid, 51 ans, salariée sur l’exploitation depuis 2011, qui s’occupe de cette activité, avec l’aide de Romain, embauché en CDI en 2014. Le couple est à la recherche d’un autre temps plein mais sans succès. « Nous avons freiné des projets à cause du manque de main-d’œuvre, comme la production d’huile de colza ou la farine de blé dur », regrette l’exploitant qui s’est donc recentré sur la bière, facile à vendre, et sur les pâtes.

Suite à la baisse des ventes après le Covid, le couple se retrousse les manches pour inverser la tendance. À partir de 2022, ils proposent des visites de leurs ateliers avec dégustation, créent une salle de séminaire et intègrent le label « Héritage bière » de la métropole lilloise. Ils décident aussi de professionnaliser leur fête de la citrouille (lire encadré), avec des saisonniers pour assurer l’intendance. « Il y a une vraie demande et c’est une rentrée d’argent non négligeable pour nous. »

Sur le même principe, ils ont démarré en juin 2024 lors de la fête de la musique, l’organisation d’une guinguette à la ferme. L’évènement a duré jusqu’à fin juillet, tous les vendredis soir. Le concept a très bien marché, avec 400 personnes reçues le dernier soir, au point que le couple compte embaucher des saisonniers en 2025 pour professionnaliser l’évènement.