L’observatoire technico-économique du réseau Civam (1) a analysé les performances de 141 fermes laitières en agriculture durable (dites AD) avec les 252 exploitations du réseau Rica (2) Grand Ouest. La comparaison repose sur les résultats de l’année 2022 marquée par une augmentation du prix du lait en conventionnel et un déficit pluviométrique ayant réduit la pousse de l’herbe.
Optimiser les charges
Moyens de production. Les fermes AD ont des moyens de production plus modestes que les fermes du réseau Rica. Le nombre d’animaux est plus faible (–24 %) ainsi que la surface agricole (–22 %). La production laitière est réduite en moyenne de 142 000 l.
Le produit d’activité (l’ensemble des produits des activités de la ferme, en y intégrant les variations de stock) de ces fermes est inférieur de 24 % à celui des fermes Rica. Mais cette différence est compensée par une optimisation de certaines charges.
Maximiser le pâturage. Une part plus importante de la SAU des fermes AD est consacrée à l’alimentation du troupeau. Ces fermes présentent un assolement plus herbager (+45 % de prairies dans la SAU par rapport aux fermes Rica). Le coût alimentaire du troupeau est estimé à 98 €/1 000 l pour ces fermes, contre 179 €/1 000 l pour les fermes Rica. « L’année 2021 a été une très bonne année fourragère, rappelle Mickaël Lepage, éleveur et membre du réseau Civam. La faible pousse de l’herbe en 2022 a été compensée par les stocks. »
Moins de concentrés. « Entre 2021 et 2022, les fermes Rica ont augmenté leur niveau de productivité (+100 l par vache laitière). En même temps, le coût alimentaire de ces fermes a augmenté de 30 €/1 000 l, souligne Mickaël Lepage. L’inflation subie sur les cours mondiaux a fait flamber le coût de l’alimentation acheté à l’extérieur. Il s’agit notamment des concentrés utilisés pour faire plus de lait. » Les fermes Rica ont certes produit davantage de lait, mais il leur faut vendre 68 % de leur production pour acheter l’alimentation extérieure à la ferme. Le coût des concentrés des fermes Rica est supérieur au coût alimentaire total des fermes AD.
En associant les légumineuses et les graminées, les fermes AD réduisent leurs charges liées aux intrants (alimentation, engrais, produits phytosanitaires, mécanisation…) et réalisent une économie de 66 €/1 000 l sur le coût des concentrés.

Efficacité économique
Résultat courant. Les charges des fermes Rica sont supérieures à celles des fermes AD (+450 €/ha ou +100 €/1 000 l). L’efficacité économique, mesurée par le rapport entre la valeur ajoutée et le produit d’activité, montre que pour 100 € de produits la ferme Rica dégage 39 € de richesse tandis que la ferme AD en dégage 48 €. Même en produisant moins de lait, le résultat courant est quasi identique entre les fermes AD (53 500 € par unité de travail humain familial — UTHF) et les fermes Rica (55 000 €/UTHF).
Prix du lait. Les fermes AD adoptent une stratégie « valeur ajoutée » où les ressources présentes sont maximisées et où les résultats restent quasiment stables dans le temps. Au contraire, des fermes Rica adoptent une « stratégie volume ». « Ces fermes calquent leurs charges sur le prix du lait, commente Mickaël Lepage. Elles vont accepter de moins produire de lait lorsque son prix diminue tout en réduisant leurs charges d’alimentation et de mécanisation. »
(1) Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural. (2) Réseau d’information comptable agricole du ministère de l’Agriculture. Vers une intensification de la production en 2024 ».