« Je ne pensais pas pouvoir m’installer sur cinq hectares », confie Marc-Antoine Rabel, agriculteur à Vannecrocq dans l’Eure depuis 2019. La ferme du Gros Caillou est aujourd’hui centrée sur la vente directe et de proximité des produits de l’élevage de porcs et une recette innovante de vinaigre balsamique de pommes. La vente de moutons en vif et d’autres produits cidricoles complètent son activité. « Pour le moment, je réinvestis tous les excédents dans mon entreprise afin d’optimiser son développement », souligne le jeune agriculteur.
Agronomie et commerce
Lorsqu’il avait cinq ans, ce fils d’une enseignante et d’un professionnel du cinéma affirmait déjà qu’il désirait être agriculteur. Devenu ingénieur agronome, il fait le choix de diversifier sa formation : « Souhaitant être en capacité de créer de la valeur sur ma ferme, j’ai finalisé mon parcours dans une école de commerce. J’ai également réalisé un stage en école militaire afin d’acquérir des compétences en management. »
Après l’abandon de deux projets d’installation, il achète en février 2019 cinq hectares incluant la maison, des vergers et d’anciens bâtiments de la ferme de ses grands-parents. Il construit alors son projet de A à Z pour s’installer en juillet de la même année autour de la vente directe de porcs, d’ovins et de produits cidricoles.

Acquis aux environs de 8 à 10 kg, 140 porcs ont été engraissés sur l’exploitation en 2023. Cette année fut marquée par l’internalisation de la découpe et de la transformation à la ferme. La construction du laboratoire est ainsi venue compléter un séchoir pour les saucissons mis en place lors de l’installation.
La commercialisation des produits de cette activité est assurée à 80 % sur l’exploitation via le magasin ouvert les vendredis et samedis et 160 casiers. « Le placement des produits y est déterminant car ce n’est pas le même fonctionnement qu’une charcuterie classique avec vitrine, note Marc-Antoine Rabel. Je dois prévoir au moins quatre ou cinq casiers avec du jambon et éviter plus de vingt casiers vides. »
Le trentenaire a acquis en 2023 quinze hectares de cultures conduits à façon. « Je prévois d’installer ma future porcherie sur la parcelle de 5 hectares qui se situe dans la continuité de mes bâtiments actuels, explique-t-il. Cela me permettra d’accroître la taille de mon élevage en cohérence avec notre potentiel de transformation de huit porcs par semaine. »

Dégustation aux acheteurs
Deuxième pilier de l’exploitation, le verger compte environ 200 pommiers de variétés douces amères. Il produit 18 à 20 tonnes par an qui sont transformées en cidre et jus par un prestataire. Depuis 2022, un vinaigrier confectionne un vinaigre balsamique à partir de jus de pommes et vinaigre de cidre.
« Nous commercialisons actuellement 400 litres par an de ce produit, explique Marc-Antoine Rabel. J’y consacre l’essentiel de mon temps avec notamment de plus en plus de salons. Commercialisé autour de 20 euros les 20 cl au consommateur final, il doit être goûté pour être acheté. » Les épiceries fines sont les principaux distributeurs.
L’agriculteur envisage aujourd’hui la création d’une deuxième recette dédiée à l’élaboration de vinaigrette, voire de cultiver de la moutarde sur 0,5 à 0,6 ha pour élargir sa gamme. Il mûrit également un projet de valorisation en bocaux de la viande de la quinzaine de brebis pâturant sous les pommiers.
« Les tâches administratives représentant la partie la plus pesante de mon activité », confie Marc-Antoine Rabel. Il déplore les lourdeurs accumulées des métiers d’éleveur, transformateur et commerçant. La fonction « ressources humaines » est aussi gourmande en temps. « Mais j’apprécie de travailler à proximité de mon lieu de vie et de prendre mes repas en famille », conclut l’agriculteur.