Pauline Lerat-Van Maele, 45 ans, et son frère Aurélien Lerat, 42 ans, devaient s’installer en janvier 2021 sur la ferme familiale à Fontaine-Uterte, dans l’Aisne. Mais c’était sans compter sur l’incendie d’un poulailler au lendemain de Noël, en 2020. Il ne restait plus rien et en pleine période de Covid, l’examen du dossier d’assurance a été compliqué, repoussant leur installation en février 2022. « Tout notre projet était par terre. Nous avons dû refaire l’ensemble de notre étude économique », se souviennent-ils.

Installation contrariée

Les grands-parents de Pauline et Aurélien produisaient déjà des poulets de chair, leur père a continué. Il possédait deux poulaillers : l’un, trop vieux, n’était plus en production et l’autre, en fonctionnement, a brûlé. Pour les éleveurs, le défi était colossal : reconstruire le bâtiment détruit et mettre aux normes le plus ancien. Ils ont pour cela été accompagnés par un conseiller en aviculture indépendant, Bernard Goudemand (1). « Il nous a suivis depuis notre dossier d’assurance jusqu’à la mise en place des premiers poussins. Sans son aide, nous n’aurions pas fait tout ce que nous avons réussi à réaliser », expliquent les agriculteurs, reconnaissants.

Les premiers poulets standards de race ross sont arrivés seulement le 6 janvier 2024 dans le nouveau bâtiment. Ce qui a représenté un creux de trois ans par rapport au projet de départ ! Mais pas de quoi décourager Pauline et Aurélien. « Pour nous, faire de la volaille, c’est la continuité de ce qui se faisait déjà sur l’exploitation. Et nous avions besoin de deux bâtiments pour nous installer ensemble », explique Pauline, qui a travaillé durant quinze ans dans le domaine bancaire, alors que son frère était salarié sur l’exploitation familiale depuis 2009.

Cette filière a le vent en poupe : la demande des consommateurs est forte pour la viande de poulet, mais la production française n’est pas suffisante. Par ailleurs, cet atelier s’insère bien dans l’organisation des travaux culturaux. « Cela occupe l’hiver quand l’activité est plus creuse dans les champs, raconte Aurélien. Et les animaux produisent 556 tonnes de fientes par an. Cet apport de fumier n’est pas anodin, cela va limiter les achats d’engrais minéral pour les cultures. »

Bâtiments améliorés

Des améliorations ont été réalisées dans les nouveaux bâtiments : brumisation pour l’été, courant d’air artificiel pour une meilleure ventilation, lumière naturelle (dans le bâtiment reconstruit). Des pipettes d’eau remplacent les abreuvoirs. La litière reste sèche, synonyme d’un meilleur confort pour les animaux. Tout est automatisé grâce au régulateur Megaviconnect qui contrôle le poulailler (ventilation, luminosité, température, alimentation…). « L’ensemble est relié à notre téléphone, c’est très pratique », explique Pauline.

Les poulets déclenchent les pipettes avec le bec et n’ont qu’une goutte d’eau. Des coupelles récupèrent le reste et la litière reste sèche. (©  Isabelle Escoffier)

Les poussins sont livrés par la coopérative Unéal qui gère aussi le suivi sanitaire et technico-économique, l’enlèvement des animaux et leur commercialisation. Les éleveurs s’occupent des volailles, de leur alimentation et du vide sanitaire en fin de lot, tous les 42 jours. « Les poulets nécessitent beaucoup de surveillance, estime Aurélien. Tous les matins et soirs par exemple, il faut vérifier les pipettes d’eau et les gamelles d’aliment. Mais c’est le vide sanitaire qui demande le plus de travail. »

Unéal assure une avance de trésorerie et sur la vente des poulets suivants, seul le solde est versé. « Ainsi, nous ne faisons pas de crédit à la banque », insistent les éleveurs, qui gèrent la mise en route du deuxième poulailler en ce mois de juin. À moyen terme, ils évoquent d’autres projets. « Avoir modifié la conception du bâtiment avec la ventilation devrait augmenter la consommation énergétique. Il faudra se poser la question d’installer des panneaux photovoltaïques pour consommer sur place le courant produit. »

(1) Courtil Clair Conseil à Ligny-Thilloy (Pas-de-Calais).