34 centimes le kg en plus dans sa poche : c’est ce qu’espère Mélanie André, arboricultrice dans les Alpes de Haute-Durance, en adhérant au projet de « C’est qui le Patron ? ! » (CQLP). La coopérative de consommateurs veut créer sa filière de pommes solidaires françaises d’ici à la fin de 2025. À l’instar de ses 48 collègues participant au projet, Mélanie a besoin d’une meilleure rémunération pour maintenir la productivité de son verger.
« Lorsque j’ai de bonnes récoltes, je peux me permettre un renouvellement de 0,5 ha par an. Avec 34 centimes en plus, je pourrais aller plus vite », explique Mélanie. L’arboricultrice gère un verger de 15 ha, dont 13 ha de pommiers, principalement en Golden.
Déclassées pour « des bricoles »
« Dans le groupe, nous sommes plusieurs à être la troisième, voire quatrième génération d’arboriculteurs, repreneurs de vieux vergers de 35 à 40 ans », ajoute la productrice, associée sur l’exploitation familiale avec son père depuis plus de dix ans. Entre le démontage des équipements, l’arrachage des arbres, l’assainissement de la parcelle (1) et la replantation, le renouvellement s’étale sur deux ans. Les cinq années suivantes sont peu productives pour privilégier la croissance de l’arbre. « Avec des coûts compris entre 70 000 et 75 000 €/ha, c’est compliqué au niveau financier », ajoute l’agricultrice.
Mélanie souligne aussi l’exigence du marché français : « Les pommes sont vite déclassées pour un simple défaut visuel. Nous les vendons à moitié prix alors qu’elles peuvent représenter jusqu’à 50 % de notre récolte. » La valorisation de ce volume, expédié en catégorie 2, constitue donc son principal enjeu.
C’est aussi celui de ses collègues, qui comme elle, font 80 % de leurs ventes avec la grande distribution. À cela s’ajoute la fermeture progressive des marchés à l’international, pour des raisons diplomatiques en Algérie ou de souveraineté alimentaire comme en Pologne.
S’épargner des nuits blanches
La filière CQLP pourrait aussi aider les producteurs à investir dans du matériel. « Chaque année ou presque depuis 2017, le gel de nous épargne pas et nous sommes loin d’être équipés sur toutes nos surfaces, explique Mélanie. Ces euros en plus pourront nous aider à protéger les vergers existants sur les années où ne nous ferions pas de renouvellement. » Cette aide serait aussi précieuse pour réduire le stress et la fatigue des producteurs, en alerte de jour comme de nuit pour suivre les températures.
(1) Il est recommandé de semer du sorgho sur un an.