« Si l’on se projette sur ce que va coûter la production de pommes cette année, il manque 80 à 100 €/t pour trouver un point d’équilibre », estime Pierre Venteau, directeur de l’Association nationale pommes poires (ANPP). Il s’est exprimé sur le sujet le 28 août 2024, devant de nombreux acteurs de l’aval, à l’occasion du lancement de la campagne de commercialisation des pommes de 2024-2025.

Un frein au renouvellement des vergers

Déjà en 2023-2024, « la campagne n’a pas permis d’atteindre l’équilibre économique qui permettrait aux producteurs d’investir, analyse Vincent Guérin, en charge des questions économiques de l’ANPP. Il y a un frein très important dans les investissements, et notamment dans le renouvellement des vergers. C’est une question d’importance pour l’avenir de la filière de la pomme en France. »

Durant la dernière campagne de vente, les prix « départs station » se sont en moyenne établis à 1,1 €/kg pour le marché du frais et à 0,34 €/kg pour l’industrie d’après l’ANPP. La part qui est revenue aux producteurs, respectivement 0,58 €/t et 0,20 €/t, n’a pas permis de couvrir les coûts « bord de verger » (0,66 €/kg et 0,30 €/kg). Ainsi selon l’association, il a en moyenne manqué au producteur 80 €/t sur le marché de frais (environ 2 750 €/ha) et 100 €/t sur celui de l’industrie (825 €/ha).

Le besoin en chiffre d’affaires a peu évolué entre 2023 et 2024, à environ 26 300 €/ha pour un rendement de 45 t/ha. Il avait bondi entre 2022 (22 646 €/ha) et 2023, mais la situation « est en train de se stabiliser », juge Pierre Venteau.

« Évolution très nette » des prix

Si Pierre Venteau reconnaît qu’il y a eu « une évolution très nette » du prix payé aux producteurs pour suivre la hausse des coûts de production ces dernières années, il pointe une hausse plus importante des prix consommateurs, selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires (OFPM). Et en parallèle, l’indicateur de l’OFPM qui évalue les marges des opérateurs intermédiaires s’est globalement apprécié entre les périodes 2017-2022 et 2022-2023. « Cela ne nous paraît pas tout à fait déconnecté de dire qu’aujourd’hui il y a encore quelques centimes par kilo à aller chercher pour apporter de la sérénité aux vergers », conclut-il.

À l’issue des discussions lors de cette rencontre de filière, le président de l’ANPP, Daniel Sauvaitre, a salué « des échanges riches et une volonté de coopérer ».