« Ni excellent, ni terrible. » La célèbre réplique de la série Tchernobyl (HBO) pourrait aussi s’appliquer aux récoltes ukrainiennes de cé­réales et oléagineux en 2020, en net déclin par rapport aux 75 millions de tonnes records de 2019. Si les estimations du printemps laissaient espérer une récolte de 72 millions de tonnes d’ici à la fin de l’année, les pronostics actuels tablent plutôt sur 68 à 70 millions de tonnes.

Météo défavorable et baisse des surfaces

Plusieurs facteurs expliquent cette baisse de performance. D’abord, 15,3 millions d’hectares avaient été implantés, soit 129 000 millions d’hectares de moins qu’en 2019. Mais surtout, « un hiver sans neige, un printemps froid et un été marqué par des cas de sécheresses ont été très durs pour les cultures dans le sud et le centre du pays  », note Alex Lissitsa, président du Club d’agrobusiness ukrainien. Selon le ministère de l’Économie, les plantations ont péri sur 386 000 hectares, soit 2,6  % des superficies cultivées.

 

« Pour les cultures de printemps, essentiellement le tournesol et le maïs, les conditions ont été très mauvaises dans le centre et le sud, précise Gérard de La Salle, fondateur du groupe Alfagro. Des champs entiers de maïs n’offriront aucun rendement » en raison d’excès de chaleur et de manque d’eau en juillet août. Les volumes moissonnés de sarrasin, millet et soja se situent aussi en deçà des espérances.

Hausse des prix

Les récoltes de 2020 restent néanmoins « un progrès considérable par rapport à l’Ukraine des années 2000 », remarque Romain Desthieux, directeur général de MAS Seeds en Ukraine. Il en va de même pour les exportations, prévues cette année à 47,4 millions de tonnes de céréales. « La rareté de certaines marchandises, tournesol en premier, induit une forte hausse des cours, qui vient compenser une partie du manque à gagner », détaille Gérard de La Salle.

 

Les prix du blé ont ainsi connu, mi-septembre, une hausse de 12,5  % (+ 9 $/t). Les producteurs d’huile de tournesol devraient particulièrement profiter de prix plus élevés, compte tenu de la baisse de l’offre ainsi que de la baisse de production de l’huile de palme.

Sébastien Gobert