Les mesures de confinement généralisées ont entraîné l’arrêt de la circulation automobile et du transport aérien civil. « 90 % des aéroports internationaux sont fermés aujourd’hui, avec pour conséquence l’effondrement de la demande en pétrole et de carburant », observe Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre, le 15 avril 2020, à la suite du conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer.
Le débouché biocarburants pénalisé
Les cours du pétrole se sont effondrés dès la mi-février. La réunion du 6 mars 2020 de l’Opep +, au cours de laquelle la Russie et l’Arabie Saoudite ne trouvent pas d’accord, a lancé une guerre des prix. « Le pétrole est descendu entre 20 et 30 dollars le baril, avec des effets immédiats sur les cours des matières premières agricoles, notamment à visée énergétique : maïs, canne à sucre vers l’éthanol ou les huiles végétales pour la production de biodiesel », rapporte Marc Zribi.
Depuis le 12 avril 2020, l’Opep + a trouvé un accord, stabilisant le prix du pétrole autour de 30 dollars. Les coûts du frêt se trouvent impactés par cette crise. « Depuis le mois de mars, ces cours ont baissé de 15 % quelles que soient les régions de départ des navires », estime-t-il.
L’éthanol en crise
Les États-Unis connaissent une grave crise du marché de l’éthanol. Les usines ralentissent, voire ferment, « ce qui a pour corollaire l’assèchement des disponibilités des coproduits, drêches de maïs et de blé produites dans le processus de distillerie, qui sont extrêmement demandés en alimentation animale. Les fabricants sont obligés de se tourner vers les tourteaux de soja », ajoute le spécialiste.
Une enquête de l’USDA en janvier estimait les intentions de semis de maïs à 39,25 Mha, soit en hausse de 8,1 %. « Une prévision qui interpelle, à contre-courant de la situation actuelle. 40 % des utilisations du maïs vont vers la fabrication d’éthanol aux États-Unis. En regard de l’effondrement de la demande mondiale en carburant, ces estimations semblent irréalistes aux opérateurs. »
Forte demande en blé et en orge
Dans l’Union européenne, la forte dynamique d’exportation de blé tendre (25,2 Mt déjà exportées contre 15,3 Mt l’an passé à la même époque) souligne la forte demande des pays importateurs. Les cours du blé tendre se sont effondrés dans la première quinzaine de mars, dans le sillage du pétrole, avant une reprise significative. Celle-ci s’explique par « une forte demande mondiale, liée au besoin de reconstituer des stocks, et des inquiétudes dans la zone de la mer Noire sur le déficit hydrique, atténuées par le retour des pluies », poursuit Marc Zribi.
La Roumanie a décidé l’arrêt des exportations de grains jusqu’à la fin du mois de mai pour protéger les marchés domestiques. La Russie et l’Ukraine ont également placé des limitations à l’exportation, « L’impact est faible cependant, car ces limites correspondent plus ou moins aux objectifs de la fin de campagne, complète-t-il. On note également des volontés d’augmenter les stocks stratégiques avec des appels d’offres supplémentaires par rapport à ce qui était attendu. C’est le cas de l’Égypte et Arabie Saoudite. »
Le marché des orges est marqué par le retour de l’Arabie Saoudite avec l’achat de 600 000 t d’orge fourragère pour une livraison en juillet-août, « mais apporte peu de soutien à l’orge français. » Un regain d’intérêt des acheteurs chinois vers l’Australie s’est traduit par l’achat de 700 000 t d’orges australiennes en janvier et février 2020.