Ange-David Baimey travaille pour l’ONG Grain, l’une des premières à avoir informé l’opinion publique de l’ampleur du phénomène de l’accaparement des terres agricoles dans le monde. « Ça n’est pas seulement la terre qui part entre les mains d’investisseurs : des productions disparaissent et des familles sont privées de leur moyen de subsistance », a-t-il dénoncé lors d’un colloque organisé en France le 25 septembre, par le Collectif citoyen contre l’accaparement des terres. Depuis 2009, Ange-David alerte sur le cas de la République démocratique du Congo (RDC) : l’entreprise canadienne Feronia Inc., spécialisée dans l’huile de palme, est en conflit ouvert avec les communautés locales.

Paradis fiscaux

Au cœur de la bataille : 100 000 hectares de terres agricoles acquises par le géant canadien, sans le consentement des populations, assure l’ONG. La nouveauté, selon Ange-David Baimey, vient des investisseurs : « Après avoir prospéré pendant plusieurs années, Feronia a connu des résultats négatifs. De nouveaux financeurs sont alors apparus : aux côtés des États, nous avons affaire désormais à des agences de développement européennes et américaines. » Parmi elles, son principal actionnaire, la CDC* du Royaume-Uni et Proparco, de l’Agence française de développement. « C’est donc de l’argent public qui est utilisé pour s’accaparer les terres congolaises ! » L’ONG fait également état de montages financiers très complexes combinant paradis fiscaux et multiples filiales. Comble de l’affaire : « Les agences se vantent dans leur pays de bien s’occuper des populations… Qui n’ont ni école, ni hôpital, encore moins de route. » L’ONG a alerté les pays des fonds d’investissement impliqués afin que des enquêtes soient diligentées.

*Commonwealth Development Corporation (CDC)