Deux cents personnes ont répondu à l’appel de la Confédération paysanne et ont participé à cette action sur une parcelle de vignes appartenant, selon les militants, au Château d’Esclans. LVMH a pris le contrôle en 2019 de ce domaine de 267 hectares, dont 74 hectares en vignes AOP Côtes-de-Provence, en acquérant 55 % des parts via sa filiale Moët Hennessy.
Montages sociétaires
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) August 28, 2022
Pour le plaisir d'un milliardaire
Pour l'agrandissement d'un agrimanager
Pour la défiscalisation d'investisseurs
Pour l'implantation d'énergies "vertes" au détriment de la souveraineté alimentaire
Pour de grands projets inutiles
C'est NON NON NON et NON pic.twitter.com/Pb4L3YlfYi
« Dénoncer l’accaparement des terres »
« L’enjeu, c’est de dénoncer l’accaparement des terres qui a lieu aujourd’hui à travers des grosses sociétés qui se revendent des parts financières entre elles et qui échappent à tous les outils de régulation et de répartition des terres agricoles », a relevé Sylvain Apostolo, porte-parole de la Confédération paysanne dans le Var.
L’action s’est déroulée dans le calme, sous l’œil des gendarmes et d’agents de sécurité du domaine qui ne sont pas intervenus pour stopper la vendange de quelques rangs de vignes. Les militants se sont ensuite rendus non loin, sur le chantier d’une cave en construction pour presser le jus du raisin vendangé.
Vendange terminée : un cortège de plus de 300 https://t.co/hzlrsMxj6g se forme et déambule parmi les vignobles. Direction la nouvelle cave #lvmh #ChateaudEsclans dont les travaux sont sur le point de s'achever pour presser le raisin devant ! pic.twitter.com/aM77WALFtG
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) August 28, 2022
Les militants et les sympathisants de la Confédération paysanne, soutenus par le mouvement Les soulèvements de la terre, étaient venus de la France entière pour participer à cette action, entonnant notamment des chants visant le dirigeant de LVMH, Bernard Arnault.
« Beaucoup de choses qui passent sous les yeux de la Safer »
« Trouver des terres, c’est très compliqué, j’y ai passé deux ans, a raconté Gwenaëlle Le Bars, une trentenaire viticultrice installée à Saint-Maximin qui dénonce aussi l’augmentation du prix des terres. Il y a beaucoup de choses qui passent sous les yeux de la Safer sans qu’elle puisse rien faire et ça, c’est ce contre quoi on milite, les montages sociétaires font que des ventes se font sans qu’on puisse les réguler. »
« En 2017, dans un domaine où je travaillais, les terres s’achetaient 15 000 euros l’hectare, aujourd’hui c’est 30 000 », a-t-elle ajouté estimant que les prix peuvent même atteindre 120 000 euros l’hectare pour des terres classées en Côtes-de-Provence.
« L’augmentation des prix freine l’installation, surtout hors cadre familial comme moi, et même pour la transmission c’est compliqué, complète-t-elle. Les terres ont pris tellement de valeur qu’au moment de la transmission, les frais à payer sont tellement énormes que parfois il vaut mieux vendre. »
La Confédération paysanne, qui lutte « contre l’opacité du marché des parts sociales », plaide pour « doter les Safer de moyens financiers dédiés, garants de leur impartialité dans l’instruction des dossiers ». Car, selon elle, en 2019 par exemple, les transactions par achat de parts de société ne représentaient que 6,5 % des transactions liées au foncier agricole mais près de 60 % des surfaces vendues.
Sollicité par l’AFP, LVHM n’était pas joignable dans l’immédiat.