Quelque 450 véhicules sur trois convois, pour un millier de manifestants selon la préfecture, se sont rejoints dans l'après-midi près de la place du Capitole pour y faire entendre leurs protestations ce mardi 16 janvier 2024. Ils répondent à l’appel de la FRSEA et de JA de l’Occitanie pour rappeler les difficultés économiques que connaissent les agriculteurs ou encore dénoncer l’accumulation des « normes contradictoires ».

De maigres profits et des lourdeurs administratives

« Il y a beaucoup d’agriculteurs en galère […], de moins en moins de jeunes veulent s’installer », regrette, devant la Cité administrative de Toulouse, Clément Blanchard, 22 ans. Agriculteur en cours d’installation à Lasserrade, dans le Gers, le jeune homme fustige les maigres profits et les lourdeurs administratives imposées, selon lui, aux agriculteurs.

Derrière lui, des tracteurs déversent tour à tour leur chargement devant la Cité administrative. À intervalles réguliers, des coups de canons effaroucheurs font sursauter les passants. La manifestation, qui fait suite à une première opération similaire en novembre, vise à « préparer l’avenir », explique quant à lui Tanguy Pelizza, 20 ans.

Portant moustache et béret, venu lui aussi du Gers, Tanguy Pelizza assure que l’accumulation des « problèmes » risque bientôt de constituer la « goutte d’eau qui fera déborder le vase ». Et leurs aînés de renchérir : « Il y a une déconnexion entre le monde rural et le monde urbain », juge Marie-Laurence Grzeskowiak, céréalière de 56 ans et présidente de la section des agricultrices de la FDSEA de la Haute-Garonne. « Laissez-nous faire, on gère ! », lance cette petite femme aux fonctionnaires qui, depuis les « bureaux à Paris », « empilent les normes dont certaines sont antinomiques ».

Un renouvellement des générations difficile

« On marche sur la tête » : le slogan martelé par le monde agricole de l’Occitanie, depuis l’automne, revient dans chaque conversation. Les manifestants réclament, entre autres, une clause « miroir » pour que l’État impose aux produits agricoles importés à bas prix les mêmes exigences qu’aux agriculteurs de l’Hexagone.

« Tout le monde pense à arrêter, maintenant, soupire Yvan Cottureau, 61 ans, qui cultive céréales et légumes au Burgaud (Haute-Garonne) mais raccrochera l’an prochain. Il ne reste rien » après s’être acquitté des charges en forte hausse.

Et face au projet de loi annoncé par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau pour susciter des vocations et faciliter la reprise d’exploitations agricoles, la prudence reste de mise. « Ça ne sera pas suffisant vis-à-vis des enjeux en Occitanie, d’autant plus que le budget de la Région pour les lycées agricoles est annoncé en nette baisse », commente Romain Deloustal, 35 ans, président de Jeunes Agriculteurs Occitanie et viticulteur de l’Hérault.