Faisant suite aux annonces de Bruno Le Maire prévoyant la fin de la défiscalisation du GNR (gazole non routier) d’ici à 2023, la FNSEA a fait savoir, dans un communiqué du 7 septembre 2023, sa « totale » opposition à cette suppression. Le syndicat déclare avoir demandé depuis 4 ans « la construction d’une trajectoire permettant d’aboutir à des solutions alternatives au GNR » sans réponse du gouvernement. « Aujourd’hui, les agriculteurs n’ont donc aucune possibilité d’alimenter leur matériel par une solution autre que le GNR », argumente la FNSEA. La suppression de cette niche fiscale ne constitue donc pas « un moyen d’accélérer la transition écologique », selon le syndicat.

Le soutien au GNR agricole coûte 1,3 milliard d’euros par an aux finances publiques, selon Bercy. Interrogé par La France Agricole sur le sujet lors de sa visite à Innov-Agri le 7 septembre, Marc Fesneau a précisé qu’il n’était « pas question de faire une économie budgétaire ». « J’ai obtenu à ce que cela revienne au secteur agricole pour lui permettre d’assurer sa transition », a ajouté le ministre de l’Agriculture. « Elle consiste uniquement à augmenter les taxes payées par les agriculteurs, sans aucun effet sur la consommation de GNR, ni sur son impact carbone. »

Arnaud Rousseau qui a rencontré Emmanuel Macron ce 7 septembre, a fait part de son désaccord au chef de l’État. « Tous les sujets » ont été abordés, a-t-il rapporté à l’AFP, et en premier lieu celui de la suppression de la détaxe sur le gazole pour les agriculteurs. « J’ai expliqué [au président] qu’à ce stade, on n’avait pas de solution alternative, qu’on n’avait pas de tels moyens de compétitivité qui permettent une mutation rapide et violente, et que si on ne refusait pas d’en discuter, il n’était pas question que cette niche disparaisse, que c’était pour nous un casus belli. »

1,3 milliard, selon Bercy

« Je lui ai fait part de la situation de l’agriculture, où on constatait un décalage entre la volonté politique de la souveraineté alimentaire et la réalité des chiffres de la production », a également indiqué Arnaud Rousseau. C’est une revendication que le syndicat avait portée lors de sa conférence de rentrée, le 31 août. « En élevage comme en végétal, on décroche très fort depuis trois ans. On a besoin d’un certain nombre d’indicateurs. Il faut qu’on ait des instruments de mesure, qu’on va coconstruire avec les équipes du président de la République, pour voir comment cela évolue. […] On a convenu de se voir deux fois par an », a-t-il indiqué.

De la cohérence

Le patron de la FNSEA a également plaidé pour « plus de cohérence », regrettant les « injonctions paradoxales » aux agriculteurs à qui « on demande de produire plus de biomasse » tout en renonçant à 4 % de terres (les jachères), ou de planter des haies avec des « contraintes normatives telles que même ceux qui veulent le faire y renoncent ». Arnaud Rousseau a précisé que le président avait « beaucoup écouté », « pris des notes », été « sensible à la question du renouvellement des générations », et l’avait « challengé sur les sujets de biodiversité, de production, de biomasse ».