Le déclin de l’élevage était au cœur des débats de l’assemblée générale de l’UGPVB (Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne) le 1er décembre 2023 à Ploufragan (Côtes-d’Armor). Les chiffres présentés lors du rapport d’activité l’attestent avec des pertes de production dans tous les secteurs : de 3,3 % en porc et 8 % en œufs au niveau national entre 2021 et 2022, et de 3 % en viande bovine entre 2022 et 2023.
Une balance commerciale qui continue à se dégrader
« La balance commerciale agricole de la France continue de se dégrader et est en perte de compétitivité vers l’Union européenne », a confirmé Alexandre Gohin, directeur de recherche du pôle de l'économie à l’Inrae. Alors comment en est-on arrivé là ? La France a-t-elle programmé le déclin de l’élevage Français ?
Pour Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole : « Les gouvernements successifs n’ont pas eu l’intention de programmer ce déclin, mais l’accumulation de décisions et des arbitrages politiques ont contribué considérablement à affaiblir l’élevage. »
Il cite notamment « le Grenelle de l’environnement en 2007 où nous avons servi de monnaie d’échange à l’énergie nucléaire, et la bascule dans l’agroécologie. Ce qui a changé, c’est que désormais l’ensemble de la société civile a mis le nez dans nos affaires, elle n’en sortira plus; bien au contraire, elle domine les débats. »
« Le développement des mouvements contestataires avec des actes de plus en plus violents y contribue également », a complété Hervé Le Prince, expert en gestion de crise.
Deux défis à relever
Face à cette baisse tendancielle des productions animales, dans un contexte marqué par une surabondance législative et réglementaire, un rebond est-il encore possible ?
« Nous pensons que le rebond est possible car nous avons ici, à l’Ouest un élevage exemplaire a martelé Michel Bloc’h, le président de l’UGPVB. Nous avons tout pour faire bien. Pour cela, nous avons deux défis à relever, celui de l’investissement et de la modernisation des élevages, et celui du collectif des éleveurs. »
Les projets d’aujourd’hui assureront la souveraineté alimentaire de demain. Pour l’UGPVB, cela passe par une simplification et une sécurisation des procédures d’autorisation d’exploiter. La structure demande également une meilleure protection des porteurs de projets contre les actes de malveillance.
L’UGPVB plaide surtout pour la création d’une commission d’enquête sur la perte de souveraineté et d’indépendance alimentaire à l’instar de celle mise en place sur l’énergie. « Tirons les enseignements de ce qui s’est passé sur l’énergie pour ne pas se laisser déposséder de « l’arme alimentaire » considérée comme essentielle par de nombreux pays », a conclu Michel Bloc’h.