Le tribunal correctionnel, qui jugeait cette affaire depuis le 21 janvier, rendra sa décision le 16 avril.

 

Quatre hommes comparaissaient principalement pour tromperies et escroquerie en bande organisée : d’un côté deux ex-dirigeants de l’entreprise Spanghero de Castelnaudary (Aude), Jacques Poujol et Patrice Monguillon, de l’autre deux négociants néerlandais en viandes, Johannes Fasen et son bras droit Hendricus Windmeijer.

 

Ils sont notamment soupçonnés de s’être entendus pour vendre entre 2012 et 2013 au fabricant de plats préparés Tavola, fournisseur de marques comme Findus ou Picard, plus de 500 tonnes de cheval comme étant du bœuf.

 

Chacun nie toute responsabilité dans cette fraude retentissante et les prévenus ne s’accordent que sur une chose : il n’existe pas d’escroquerie « en bande organisée ».

 

Mais quand Jacques Poujol, ex-directeur général de Spanghero, assure avoir toujours commandé du bœuf pour Tavola, le Néerlandais Fasen rétorque que Spanghero lui commandait du cheval.

Le conseil de Johannes Fasen, « grand organisateur de la fraude » selon le parquet qui a requis quatre ans de prison contre lui, a plaidé sa relaxe.

 

Le Néerlandais, déjà condamné dans une histoire comparable aux Pays-Bas et menacé par deux autres affaires, n’a retiré « aucun profit » si ce n’est sa marge habituelle, a insisté Jérôme Triomphe.

 

Les avocats de Jacques Poujol — Antoine Vey, Laurent de Caunes et Eric Dupond-Moretti — se sont quant à eux attachés à démontrer qu’il a été « trompé » par le Néerlandais.

 

Me Dupond-Moretti s’est élevé contre « une entreprise de démolition » de la justice et des autorités de l’époque contre son client : « On avait un coupable et on l’a bien gardé, c’est un bouc émissaire »

 

Jacques Poujol, contre qui un an ferme, de lourdes confiscations financières et une interdiction définitive d’exercer dans la viande ont été requis, reconnaît uniquement des « manquements » et des « négligences » sur l’étiquetage de la viande expédiée à Tavola.

40 millions d’euros réclamés aux quatre prévenus

Mardi soir, l’avocat de Patrice Monguillon, qui soutient n’avoir jamais vu de cheval dans l’usine Spanghero dont il était le patron, avait plaidé sa relaxe ou, à défaut, la grande clémence du tribunal.

 

L’avocat de Hendricus Windmeijer a lui aussi demandé la relaxe de son client soupçonné d’avoir fait valser les étiquettes dans ses entrepôts néerlandais, et ajouté sa pierre à la « ménagerie judiciaire » en le qualifiant de « pigeon et dindon de la farce » de Johannes Fasen.

 

L’affaire avait révélé la complexité et l’opacité des circuits d’approvisionnement et de transformation, de l’abattage de l’animal à la commercialisation de millions de barquettes et abouti à une grave crise de confiance des consommateurs.

 

Elle a eu raison du fabricant Tavola et a précipité la perte de Spanghero, déjà en grande difficulté financière avant que le scandale n’éclate.

 

Au total, les parties civiles – fabricants ou distributeurs de plats préparés, représentants de la filière de la viande, liquidateurs et associations de consommateurs – réclament 40 millions d’euros aux quatre prévenus.