« Südzucker n’a pas l’intention de vendre les sites Saint Louis Sucre de Cagny et Eppeville ». Le directoire du groupe allemand, a enfoncé le clou ce 23 mai 2019 dans un communiqué, estimant que le projet de reprise des deux sites français, présenté le 15 mai dernier par la CGB, Confédération générale des producteurs de betteraves, « ne résoudra pas le problème de surproduction ». Le syndicat français avait pourtant assuré le 16 mai dernier après leur rencontre avec les dirigeants de Südzucker que le groupe n’avait pas « fermé la porte » à leur plan de reprise.
Retirer des capacités de production du marché
« La France représente un marché excédentaire et produit deux fois plus de sucre qu’elle n’en consomme. La concurrence y est très forte, tant pour l’approvisionnement en betteraves que pour les débouchés, justifie Südzucker. En arrêtant la production de sucre dans les deux usines françaises, ainsi que dans deux sites allemands et dans un site polonais, le groupe « retirera ainsi des capacités de production du marché européen ».
Par ailleurs, selon Südzucker, « il est essentiel pour Saint Louis Sucre de maintenir les capacités de stockage de Cagny et d’Eppeville. Les sites de Saint Louis Sucre à Etrépagny (Eure) et à Roye (Somme) sont en mesure de traiter une partie des betteraves de Cagny et d’Eppeville, ce qui renforcera la situation de Saint Louis Sucre pour l’avenir. »
Le premier sucrier mondial et européen justifie son plan de restructuration par les mauvais résultats de sa branche sucre, qui accuse « une perte de 239 millions d’euros sur l’exercice 2018-2019 ». C’est la raison pour laquelle, le président de son directoire, explique : « Nous n’arrêtons pas la production de sucre pour la proposer à d’autres acteurs, mais bien pour retirer des capacités du marché ».
Mais « Saint Louis Sucre, tout comme Südzucker » se disent « très attaché » au partenariat avec les planteurs, prenant pour preuve le « signal clair » de la revalorisation du prix pour les betteraves de 2018. Le supplément de prix annoncé le 20 mai porte le prix total à 22,01 €/t à 16 % de teneur en sucre. Le sucrier espère ainsi regagner la confiance des planteurs dans ce contexte de crise et de restructuration.
« Südzucker revient sur sa parole » selon la CGB
La réaction de la CGB n’a pas tardé. Le syndicat estime dans un communiqué qu’en déclarant « refuser unilatéralement toute offre avant même que la CGB n’ait pu la déposer », Südzucker est « revenu sur sa parole augmentant encore davantage la rupture de confiance avec les planteurs français ».
La CGB rappelle pourtant que « lors de la réunion qui s’est tenue à Strasbourg le 15 mai dernier […], le groupe allemand s’était engagé à étudier scrupuleusement l’offre de reprise des planteurs français […] et de revenir vers la CGB sous trois semaines à réception de ladite offre ».
Le syndicat demande ainsi un « rendez-vous dans les plus brefs délais aux présidents du conseil de surveillance et du directoire de Südzucker pour évoquer ce projet de reprise et l’avenir de Saint Louis Sucre en France. Si Südzucker refuse de nous recevoir rapidement, nous irons alors directement partager notre analyse et présenter notre projet aux actionnaires de Südzucker le 18 juillet prochain lors de l’Assemblée Générale du groupe », a déclaré Franck Sander, président de la CGB.