La CGB a annoncé le 16 mai lors d’une conférence de presse à Paris qu’elle allait envoyer « dans les tout prochains jours » une offre de reprise des deux usines de Cagny (Calvados) et d’Eppeville (Somme), où le groupe allemand Südzucker entend arrêter la production de sucre dès 2020 dans le cadre de sa restructuration.

Base de travail

« Après trois heures de discussions intenses avec les représentants de Südzucker, nous sommes tombés d’accord pour faire une offre officielle écrite au directoire de Südzucker, offre qui se situerait à 30 millions d’euros pour les deux usines », a précisé Franck Sander, président de la CGB. La veille à Strasbourg, il a en effet rencontré avec Pierre Rayé, directeur du syndicat, des planteurs du syndicat de l’Allemagne du Sud (VSZ), qui détient une participation majoritaire au capital de Südzucker (à hauteur de 57 %).

 

« C’est une base de travail, les négociations continuent », poursuit-il. Et d’affirmer que « cette offre de reprise et notre analyse du marché les ont fait réfléchir. La porte est restée ouverte du côté de Südzucker et cela nous incite à poser une candidature. »

 

Pourtant, les planteurs de VSZ avaient fermé la porte à une cession des sucreries dans un communiqué de presse publié dans la nuit, affirmant qu’il serait « irresponsable, pour Saint Louis Sucre (filiale française de Südzucker, NDLR) de céder des sites », fermant ainsi la porte à tout projet de reprise.

« 100 millions d’euros d’économies pour Südzucker »

Le groupe sucrier allemand a provisionné 200 millions d’euros pour la fermeture, le plan social et la dépollution des cinq sites appelés à fermer en Europe (deux usines en Pologne, deux en France et une en Allemagne). « Nous estimons que le coût pour les deux usines françaises serait de 70 millions d’euros. La proposition que nous leur avons faite leur permettrait donc d’économiser 100 millions d’euros, a exposé Franck Sander. Les personnes présentes à la réunion de mercredi soir se sont engagées « à revenir vers nous sous trois semaines, a-t-il indiqué. On a de vraies raisons d’y croire. »

Union de coopératives

L’offre de reprise, réalisée au nom des planteurs français, repose sur un projet d’union de coopératives chapeautant les deux coopératives locales liées aux sites industriels. « Les planteurs seront majoritaires, et il devrait y avoir un accompagnement des Régions Normandie et Hauts-de-France ainsi qu’une prise de participation d’industriels », a fait savoir Patrick Dechaufour, président de la CGB Calvados Sarthe et Orne.

 

Les débouchés de ces usines font encore partie des discussions. Au-delà du sucre, le bioéthanol peut en faire partie. « C’est l’un des atouts de l’usine d’Eppeville, souligne Pierre Rayé. Elle a une capacité de près de 1 million d’hectolitres mais elle est actuellement sous-utilisée. » La pulpe est aussi un autre débouché possible, notamment pour l’usine de Cagny qui se situe dans un bassin d’élevage.

Un ticket d’entrée de 10 €/t pour le planteur

Le ticket d’entrée au capital de la nouvelle coopérative devrait être d’environ 10 €/t pour les producteurs, avec un engagement de dix ans. Quant au prix des betteraves, « il sera adapté au marché du sucre, explique Pierre Rayé. La structure sera compétitive, ce qui permettra de dégager une valorisation suffisante pour les betteraviers. »

 

« En attendant, nous poursuivons notre travail de fond avec les planteurs, les politiques… », a lancé Franck Sander. Des réunions vont être organisées la semaine prochaine avec les planteurs de chaque site pour leur présenter ce projet de reprise et « conforter cette offre ». « Il y a un vrai intérêt économique à terme pour tous de sortir de cette crise par le haut et de trouver des accords », jugent les betteraviers.

 

Une rencontre est par ailleurs prévue le 17 mai avec l’ambassadeur d’Allemagne à Paris.