À l’occasion de sa conférence de rentrée le 5 septembre 2024, La Coopération Agricole Laitière fait le point sur sa stratégie de décarbonation de la filière. « 48 % des élevages coopérateurs sont engagés dans un diagnostic CAP’2ER, mettant au jour des leviers d’optimisation des émissions », explique Christophe Miault, membre du bureau de La Coopération Agricole Laitière.

Cependant, ces leviers peuvent avoir un prix. La Coopération Laitière travaille ainsi à estimer le coût global des frais induits par la transition bas carbone sur la filière amont. Le but : « Permettre à l’agriculteur d’estimer le coût des leviers possibles pour baisser ses émissions. Ce coût pourra être exprimé “par vache” ou à l’échelle de l’exploitation », détaille Christophe Miault. L’interprofession laitière et l’Institut de l’élevage travaillent conjointement à le déterminer.

« Des négociations commerciales tendues »

La Coopération Agricole Laitière espère pouvoir communiquer ce coût d’ici à la fin de l’année 2024, gardant en ligne de mire l’arrivée des prochaines négociations commerciales. « Il faut que le consommateur, qui est avant tout citoyen, participe à l’effort de décarbonation », argumente Pascal Le Brun, président de La Coopération Agricole Laitière.

L’éleveur normand estime que le prix du lait devrait augmenter de 2 à 4 % pour financer la décarbonation de la filière. Et la hausse devra « être trouvée du côté des acteurs du commerce et de la grande distribution ». D’où l’utilité d’un « coût global de la transition », un pion de plus dans les négociations commerciales.

900 millions d’euros pour transformation

Du côté de l'aval, la filière est déjà capable de chiffrer les dépenses engendrées par un objectif de réduction de 35 % des émissions de CO2 d’ici à 2030. « Cela coûterait 900 millions d’euros à tous les sites de transformation laitière à l’échelle nationale », précise Christophe Miault.

Un objectif ambitieux, La Coopération Laitière en est consciente, et espère « un engagement et un soutien de la part des politiques » en ce sens.

Au global, « la filière connaît des signaux encourageants avec un redressement de la collecte en 2024 et un ralentissement de la décapitalisation, résume Pascal Le Brun. Cependant, un avenir incertain s’annonce entre contexte politique instable, situation sanitaire tendue et relations de l’Europe ambiguës avec la Chine », estime-t-il.