À Lauris, où il cultive de la lavande, des céréales et des prairies en bio sur 15 hectares, Philippe Péroni a créé en 2015 un groupement, avec trois autres agriculteurs de son secteur, pour capter les broyats des déchets verts de la communauté d’agglomération Luberon Monts de Vaucluse.

Une démarche collective

« Cette ressource est transportée vers un centre de traitement qui se trouve à une soixantaine de kilomètres du village, expose l’initiateur du projet. Nous avons pensé qu’il serait intéressant de la récupérer dans le cadre d’un schéma d’économie circulaire. »

 

Il y a deux ans, ce collectif s’est rapproché du GR Civam (1) Paca pour structurer la démarche. Celle-ci a dès lors bénéficié d’un financement de l’Ademe (2) et de la Région Sud. « Nous avons signé une convention de partenariat de trois ans avec la collectivité », ajoute François Marcadé, coordinateur au Civam. Ce document a précisé le rôle de chacun.

5 000 tonnes par an

La communauté d’agglomération a assuré gratuitement la livraison aux agriculteurs dont les exploitations sont situées à moins de 50 kilomètres des déchetteries publiques. Le Civam a relayé les demandes des fermes à la collectivité et au transporteur.

 

« Nous avions tablé sur 1 000 tonnes de déchets verts par an acheminés vers les exploitations, enchaîne François Marcadé. C’est allé bien au-delà ! » Le réseau a réussi à rallier 60 agriculteurs qui, à l’issue de la seconde année de l’expérimentation, ont absorbé 5 000 tonnes de déchets, soit la totalité de la collecte annuelle de la collectivité.

 

Philippe Péroni a épandu 300 à 400 tonnes de broyat de déchets verts par an sur ses parcelles : « Je forme un tas unique que je composte avec un tracteur à godet. Après plusieurs mois, il a l’apparence et l’odeur d’un terreau. »

 

Philippe Péroni réalise les apports sur ses prairies à l’automne. « Nous n’avons pas encore mesuré avec précision l’influence de cet amendement sur les sols, dit-il. Toutefois, les prairies semblent sécher moins vite. »

 

Cette année, le Civam va effectuer un suivi sur l’utilisation de ces composts. Pour que l’expérience se poursuive, les partenaires sont à la recherche de fonds.

Chantal Sarrazin

(1) Centre d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural. (2) Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.