En moyenne, un agriculteur consacre 9 heures par semaine à la gestion administrative de son entreprise. « C’est la saisie comptable et le suivi des cultures qui prennent le plus de temps », témoigne Jean-Marie Savalle, dirigeant de la société Isagri. D’autant plus que la réglementation tend à accroître les impératifs d’enregistrement des données, donc de saisie informatique.

La saisie administrative, une tâche laborieuse et répétitive

« La saisie est perçue comme une tâche laborieuse et répétitive, qui mobilise du temps aux dépens du temps d’analyse économique », constate Jean-Marie Savalle. Urbain Van Den Avenne, entrepreneur de travaux agricoles dans l’Aisne confirme : « il n’y a rien de motivant à enregistrer les factures, pourtant, on y passe énormément de temps. Je souhaiterais que cela soit automatisé pour consacrer ce temps à l’élaboration de budgets, d’EBE prévisionnels, à l’analyse des coûts de production. »

Une communication plus fiable avec les partenaires agricoles

En réponse, les nouvelles technologies apportent la fiabilité et l’instantanéité dans le partage des informations, favorisant le travail collaboratif et la prise de décision. L’essor de l’intelligence artificielle et de l’internet des objets répond, ainsi, aux enjeux de toute la filière agricole, de l’agriculteur au comptable, en passant par le technicien de coopérative, en procurant, comme le décrit Jean-Marie Savalle, « un gain de temps, avec l’allègement des contraintes de saisies, la sécurité et la fiabilité des données, y compris réglementaires, et l’optimisation des outils d’aides à la décision, pour mieux piloter la performance. »

L’intelligence artificielle (IA) pour mieux valoriser l’action humaine

Bonne nouvelle, dans le domaine de la comptabilité, l’IA est déjà une réalité et « un tremplin majeur en prévision de la facture électronique bientôt obligatoire », précise Sarah Rezzougui, cheffe de projet chez BS Digital. « Avec les outils IAtisés, les utilisateurs vont bénéficier d’une proposition comptable, ils vont pouvoir aller plus vite et les outils vont apprendre des utilisateurs, pour atteindre l’objectif de la zéro saisie ». Dans un contexte de manque de main-d'œuvre, dans le secteur agricole, mais aussi comptable, l’IA est « une aubaine pour supprimer ces tâches répétitives, fiabiliser la saisie, automatiser les enregistrements », confirme Jean-Marie Savalle.

 L’IoT, la saisie automatique des données depuis le champ

L’IoT, pour Internet of Things, désigne, dans le langage courant, les objets connectés. Ce sont des capteurs qui ont pour objectif de collecter la donnée de manière autonome et de la transmettre par le réseau internet. Installés sur le tracteur, le semoir, le pulvérisateur, « ces capteurs, équipés d’un accéléromètre, détectent les mouvements de la machine, explique Cécilia Goret, responsable marketing chez Isagri. « Dès que l’agriculteur part travailler dans ses champs, automatiquement, le capteur reconnaît et enregistre les caractéristiques du chantier : date, matériel utilisé, durée de l’intervention, parcelles, surfaces, conditions météorologiques… », détaille la responsable.

Gain de temps sur la saisie, traçabilité à jour, analyse de ses activités, autant d’avantages à cette automatisation, déjà souhaitée par certains professionnels, comme Marc-Antoine Dumoulin, entrepreneur de travaux agricoles dans l’Aisne : « J’aimerais qu’à partir d’une opération, tout l’enregistrement se fasse automatiquement, que tout soit lié. » 

L’émergence des IoT en agriculture augmente les sources d’informations et, mécaniquement, le développement d'applications ayant recours à l’IA pour exploiter les données. La synergie entre ces technologies ouvre un large champ des possibles dans un but de performances, d’optimisation des apports d’intrants, mais aussi de confort et de sécurité des utilisateurs, et ce, aussi bien pour les productions végétales qu’animales.