« Sans un soutien urgent et durable, des milliers de ménages ruraux pourraient ne pas être en mesure de semer ou de récolter à temps leurs productions, ce qui mettrait en péril la sécurité alimentaire nationale. » C’est le message d’alerte lancé par la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, dans un communiqué de presse diffusé le lundi 2 juin 2025.

Manque de fonds

L’agence onusienne appelle à un « effort important […] pour soutenir les systèmes agroalimentaires » locaux. Elle enjoint notamment les donateurs « à redoubler leur soutien aux familles d’agriculteurs ukrainiens » dont « le rôle dans la sécurité alimentaire nationale, les économies locales et le relèvement à long terme est indispensable ».

« Le manque de fonds continue à limiter la mise en œuvre complète du plan d’intervention d’urgence et de relèvement rapide pour 2025-2026 » lancé en avril par la FAO. Ce plan, doté de 150 millions d’euros, est destiné à « aider plus d’un demi-million de personnes vulnérables à rétablir la production agricole » dans un pays qui était devenu avant la guerre un géant mondial du blé et du tournesol.

« Tissu de la société »

Si le pays parvient toujours à exporter des millions de tonnes de céréales et de graines de tournesol, la situation dans les campagnes est très difficile. Après plus de trois ans d’une guerre déclenchée par l’invasion russe du 24 février 2022, de nombreux agriculteurs et familles rurales ukrainiens ont « un accès limité à leurs terres à cause des mines » et n’ont pas les moyens d’acheter des intrants agricoles (semences, engrais, pesticides).

En outre, plusieurs territoires de l’est et du sud du pays, notamment des régions de production de blé, millet ou colza, sont occupées par la Russie. « Les mois à venir détermineront si les producteurs ruraux — dont beaucoup de ménages âgés — pourront maintenir leur production tout au long de l’hiver et de la saison suivante », souligne la FAO.

Ces ménages « produisent des légumes, s’occupent d’une seule vache ou d’une poignée de poulets et cultivent de petites parcelles de terre, souvent sous les bombardements […] avec un accès limité aux marchés et aux approvisionnements ».

Des familles qui veulent « rester sur leurs terres »

L’agence onusienne souligne la grande vulnérabilité de ces familles, qui « veulent pouvoir subvenir à leurs besoins » et « rester sur leurs terres ». « L’aide agricole d’urgence est un moyen efficace de leur permettre de le faire », a déclaré Rein Paulsen, directeur des urgences et de la résilience à la FAO, lors de sa récente visite dans l’oblast de Zaporijja, en partie occupé, dans le sud de l'Ukraine.

Depuis 2022, la FAO a déjà aidé « plus de 250 000 familles rurales » en leur fournissant « des semences, des aliments pour animaux, des poussins d’un jour, de l’argent et des bons d’achat ». « Il reste encore beaucoup à faire » pour permettre aux campagnes de subvenir à leurs besoins alimentaires.

« Ce travail est absolument indispensable », a souligné Rein Paulsen, appelant à soutenir une agriculture qui « est le tissu de la société rurale ». Selon une évaluation des dommages et besoins de 2022 à 2024, pilotée par la Banque mondiale, le secteur agricole ukrainien a subi près de 84 milliards de dollars de dommages et de pertes.