Les trois principaux syndicats agricoles espagnols ont annoncé le mardi 30 janvier 2024 rejoindre le mouvement de colère des agriculteurs européens, avec une série de « mobilisations » dans l’ensemble du pays au cours des « prochaines semaines ».
« Marché déréglementé » et « concurrence déloyale »
« Le secteur agricole en Europe et en Espagne est confronté à une frustration et un malaise croissants », en raison notamment « de la bureaucratie étouffante générée par les réglementations européennes », ont expliqué dans un communiqué commun l’Asaja, l’Union des producteurs agricoles (UPA) et la Coag.
Ces trois organisations, qui ne précisent pas à ce stade les dates exactes des manifestations, disent vouloir un « assouplissement » et une « simplification » de la politique agricole commune, ainsi qu’un « plan d’action ambitieux » au niveau « de l’Union européenne, de l’Espagne » et des « régions » espagnoles.
Les agriculteurs européens « luttent contre un marché déréglementé qui importe des produits agricoles de pays tiers à faible prix, qui tirent à la baisse » les prix des denrées produites « dans l’Union européenne » et « en Espagne », soulignent les trois organisations, majoritaires chez les agriculteurs espagnols.
« Ces produits extracommunautaires ne respectent pas les règles européennes » en matière de respect de l’environnement et sont à l’origine d’une « concurrence déloyale », qui « menace la viabilité de milliers d’exploitations agricoles en Espagne et en Europe », ajoute le communiqué.
Bras de fer sur les phytos
Les manifestations agricoles se multiplient depuis plusieurs jours dans l’Union européenne, et principalement en France, où des agriculteurs barrent depuis lundi avec leurs tracteurs huit axes autoroutiers autour de la capitale, sous la surveillance de forces de l’ordre mobilisées en masse.
Face à cette mobilisation, le syndicat Asaja avait assuré lundi vouloir se joindre au mouvement. « Les agriculteurs espagnols ont les mêmes problèmes que les agriculteurs français », avait alors souligné son président, Pedro Barato, en assurant que « les campagnes espagnoles » en avaient « assez d’être ignorées ».
Le mouvement des agriculteurs français, marqué par des blocages de camions à la frontière franco-espagnole et par des critiques, en France, sur l’agriculture espagnole, accusé d’utiliser une grande quantité de produits phytosanitaires, a suscité cependant des critiques chez les syndicats. Ces accusations sont « fausses et indignes », a ainsi dénoncé la Coag, qui a exigé dans un communiqué la libre circulation des camions de marchandise espagnole en France.
L’Espagne affaiblie par la sécheresse
« Les normes de production et de commercialisation sont les mêmes dans tous les États membres », a souligné de son côté le ministre espagnol de l’Agriculture, Luis Planas. Les produits espagnols s’exportent donc en raison de leur « qualité et de leur compétitivité », et non pour une « quelconque autre raison », a-t-il insisté.
Premier exportateur européen de fruits et légumes et premier producteur mondial d’olives, l’Espagne est avec la France, l’Italie, l’Allemagne et la Pologne, l’une des principales puissances agricoles de l’Union européenne. Le pays est cependant confronté depuis trois ans à une sécheresse historique, qui a fait chuter les récoltes, en particulier de céréales, et a fragilisé un grand nombre d’exploitations agricoles.