Les premiers chiffres de l’étude sur le comportement des consommateurs face à l’origine des produits menée par le cabinet Appinio pour le collectif En Vérité n’ont pas surpris. Pour 86 % des consommateurs, il est important d’avoir l’information sur l’origine à disposition au moment de l’achat, et 85 % souhaiteraient voir l’origine des matières premières affichées. Ils sont ensuite 82 % à vouloir connaître le lieu de transformation.

Ce collectif rassemble une soixantaine de marques alimentaires françaises qui ont souhaité se regrouper pour travailler sur les questions de l’affichage de l’origine des matières premières. « La réalité du marché est loin de répondre à la demande des consommateurs, a constaté Olivier Dauvers, journaliste. Nous savons que la transparence à l’origine est de nature à modifier la demande, et donc le prix. Problème, il n’y en a pas et parfois, ça ressemble à de l’hypocrisie. »

Peu de transparence dans les rayons

Pour illustrer son propos, ce spécialiste de la distribution a pris plusieurs mauvais élèves en exemple. Ici un plat préparé affichant en gros l’origine française de son poulet, quand l’origine UE (Union européenne) du veau est camouflée dans les petites lignes à l’arrière de l’emballage. Là une soupe mettant en avant sa fabrication française agrémentée d’un drapeau tricolore, quand les légumes utilisés sont exclusivement d’origine UE.

Sébastien Loctin, ancien président du collectif et dirigeant de l’entreprise Nod (fabricant d’une gamme de sauce et huiles bio), regrette cette situation. « Malheureusement, tout le monde ne joue pas le jeu, et c’est au détriment de nos filières. Le changement ça doit être maintenant », espère-t-il.

L’étude d’Appinio soulève aussi la frustration des consommateurs. Sollicités pour évaluer l’accessibilité, la fiabilité et la crédibilité de cette transparence, les Français sont 30 % à en avoir une mauvaise perception, et 38 % lui donnent une note comprise entre 6 et 7 sur 10, des résultats médiocres donc.

Un logo pour plus de clarté

Pour répondre à cette demande, le collectif En Vérité a souhaité passer à l’action par le biais d’un logo, testé lui aussi auprès des consommateurs. Sous forme d’un graphique circulaire, il serait possible pour le consommateur d’avoir une idée précise de la proportion de chaque origine dans le produit acheté. En dessous de ce logo, un pictogramme indiquerait le lieu de fabrication.

Le logo doit permettre d'identifier l'origine en un clin d’œil (© Collectif En Vérité)

Plus de confusion donc entre l’origine des ingrédients et celle de la transformation. « Les Français veulent une information simple, visible et homogène », argumente David Garbous, président du collectif En Vérité.

Dans l’attente d’une législation

Les chiffres posés et la proposition de solution prête, le collectif souhaite désormais passer à la vitesse supérieure. Dès la mi-octobre, un amendement à la loi de finances sera déposé. Le collectif espère qu’un nombre suffisant de parlementaires s’en saisira. « On va essayer de faire coalition avec tous les acteurs qui sont prêts à soutenir ce projet, et déposer une proposition de loi, ajoute David Garbous. Nous voulons que le politique s’empare de ce sujet. »