Pierre-Henri Chanquoi, éleveur bovin installé dans le Terrassonnais, à l’est de la Dordogne, est l’un des premiers à s’être lancé dans l’aventure du switchgrass et du miscanthus, dès la fin de 2019. « Je me suis lancé dans cette expérimentation pour être moins dépendant de la paille et pour la qualité du paillage. Ce sont des plantes dans lesquelles il n’y a pas de mycotoxines. Elles ont un pouvoir absorbant, ce qui permet de pailler moins. Souvent nous manquons de paille, elle vient d’ailleurs avec les coûts de transport que cela engendre. »

Des coûts d’implantation élevés
Ces deux plantes se sont globalement bien adaptées au territoire. L’exploitant doit prendre quelques précautions. « Selon ses objectifs et les besoins de la ferme, il faut estimer le rendement minimal à atteindre en fonction du coût d’implantation. Pour le switchgrass, il est de 1 200 €/ha, charges de mécanisation et main-d’œuvre comprise », explique Christine Lobry, chargée de mission végétale à la chambre d’agriculture.
Par exemple, avec un rendement de 6 tMS/ha au bout de quatre ou cinq ans et qui serait stable pendant dix ans, ainsi qu’un amortissement des coûts d’implantation sur dix ans, le coût de revient moyen de la tonne récoltée serait d’environ 45 €/t. Cela permet d’envisager un usage en litière animale, sans surcoût par rapport à une paille classique ou un achat.
Pour le miscanthus, le coût d’implantation est plus élevé. Il varie entre 3 500 et 4 000 €/ha. Il faut veiller à implanter le miscanthus sur un sol adapté : éviter les sols drainants, trop superficiels ou peu praticables en hiver. Pour le miscanthus, le coût de production en moyenne sur dix ans, avec un palier de 9 t/ha au bout de cinq ans, est évalué à 69 €/ tMS, avec la main-d’œuvre.
Ces deux plantes pérennes n’impliquent pas ou peu d’intrants, nécessitent peu d’eau et offrent une bonne alternative au paillage animal. « Le miscanthus permet de valoriser des parcelles classées dans un périmètre sensible. Il présente un intérêt là où il existe des problématiques de qualité de l’eau », explique Christine Lobry.
Pas de matériel spécifique
Les deux plantes, qui ne nécessitent pas une forte charge de travail, peuvent être implantées et récoltées avec du matériel conventionnel. Cela facilite leur intégration dans une exploitation de polyculture-élevage. « Je n’ai pas investi dans du matériel particulier, note l’agriculteur. Ces plantes pérennes sont implantées pendant 15 à 20 ans. En raison du coût élevé, il vaut mieux être propriétaire du foncier. Une fois que l’on a pris quelques précautions en termes de choix de parcelle, des sols et de gestion des adventices la première année, il n’y a qu’à laisser pousser et récolter. Sur le plan économique, j’ai réduit mon achat de paille, je suis moins dépendant. Avec une tonne qui dépasse les 110 euros, je devrais rentabiliser mon investissement au bout de six ans », estime l’agriculteur.
Il va augmenter ses surfaces de miscanthus, pour atteindre les 4,5 ha et développe d’autres utilisations : « J’en vends à des collectivités pour un usage horticole. » D’autres débouchés sont actuellement à l’étude sur l’utilisation du switchgrass et du miscanthus dans l’industrie ou la construction, ou encore sur la création d’une filière locale.