« Les chasseurs ne doivent plus payer l’intégralité des dégâts aux cultures agricoles, même si je soutiens que ceux-ci doivent continuer à l’être, mais plus par nous. » Au Palais des papes d’Avignon (Vaucluse), Willy Schraen rendait un « office critique » le 20 mars dernier. Devant des chasseurs réunis en congrès, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) attaquait un dispositif d’indemnisation des dégâts de gibiers jugé en bout de course.
Une facture de près de 90 millions d’euros par an depuis 4 ans
Avec une charge globale de près de 90 millions d’euros par an ces quatre dernières années, dont 55,5 millions d’euros d'indemnisations directes, le reste étant consacré aux frais de gestion des dossiers et des actions de prévention, le système est maintenant considéré comme « financièrement insoutenable » pour les chasseurs. Au point que, dans la cité des papes, ils ont voté une motion pour que les « petits dossiers » d’indemnisation de dégâts sur les parcelles agricoles ne soient plus indemnisés. Une mesure qui doit s’appliquer en théorie pour les dossiers d’indemnisation ouverts à partir du 1er juillet 2025.
C'est une façon pour les chasseurs de pousser l’État à réagir, lui qui avait raboté en partie l’aide de 60 millions d’euros qu’il avait promise de verser aux fédérations sur trois ans en 2023 pour soutenir le dispositif. En pratique, la mise en application de cette motion dépendra « des discussions en cours », explique la FNC, laquelle garde un œil ouvert sur les débats concernant le budget de l’État pour 2026 qui ont débuté le 20 octobre dans une Assemblée nationale fragmentée.

De plus en plus de sangliers
Comment expliquer que les chasseurs ne puissent plus, à terme, payer les dégâts de gibiers ? Quelles solutions sont envisageables pour réduire les dégâts et garantir la viabilité du système ? Vous trouverez des éléments de réponse dans ce dossier qui aborde en premier lieu l’origine du problème : les sangliers . Le nombre de ces animaux a augmenté ces dernières décennies et la courbe suit celles des dégâts.
Si les prélèvements de la bête noire augmentent, le nombre de chasseurs diminue, ce qui fait porter la régulation et le financement du système d’indemnisation sur des contributeurs moins nombreux. Une situation qui met les chasseurs en alerte. Ils appellent le monde agricole à soutenir avec eux une réforme du système auprès de l’État.