Quel bilan peut-on dresser de la Pac qui s’achève en 2027 ?

Cette Pac avait été préparée dans un contexte difficile (Covid, guerre en Ukraine…), où l’ensemble des États membres estimaient qu’ils n’avaient pas eu suffisamment la main. Résultat : une politique qui ne plaît à personne et des écorégimes qui se révèlent être une usine à gaz. Cette Pac n’a pas eu d’effet positif non plus sur le revenu des agriculteurs. Au contraire, leur position dans la chaîne de valeur a continué de se détériorer : dans l’Hexagone, sur 100 € de dépenses alimentaires, seuls 6,40 € reviennent à l’agriculture, contre 6,90 € en 2018. L’hyperdépendance de certains systèmes (céréales, bovins et ovins viande) aux aides est inquiétante. Non opposables par la loi, donc non contraignants, les objectifs agricoles du Green Deal ne se sont pas non plus concrétisés, si ce n’est pour les antibiotiques. L’Europe fait de l’environnement sans s’en donner les moyens, mais en complexifiant encore un peu plus le système.

Comment s’annonce le nouveau rendez-vous Pac post-2027 ?

Il ne s’annonce pas plus facile que les précédents. Le nouveau commissaire à l’Agriculture de l’Union européenne, le Luxembourgeois Christophe Hansen, a eu cent jours pour établir une vision agricole européenne, base des discussions. Que l’on parle de l’amélioration des outils de soutien direct aux exploitations et aux filières, des aides contracycliques, des mécanismes de redistribution, des aides couplées, elles seront ardues. Comment modifier la base de calcul des aides directes ? Doit-on arrêter les aides à l’hectare pour les mettre sur les actifs ? Comment définir les actifs, y met-on les salariés ? À quelle hauteur ? Subventionne-t-on toutes les formes d’agriculture de la même façon ?

Ces discussions seront menées dans un contexte où les budgets n’augmenteront pas, puisque les États membres se refusent à accroître leur contribution au pot commun. La prochaine Pac ne sera pas une révolution : l’essentiel du budget agricole continuera sans doute à être distribué sous forme d’aides directes.

En quoi le statu quo environnemental n’est pas tenable ?

On a besoin d’une politique qui permette au secteur agricole de prendre sa part dans l’évolution du monde et dans l’atténuation au changement climatique. Mais il faut annoncer que l’environnement a un coût. Une des options serait que les agriculteurs, en plus du marché, soient rémunérés par les services environnementaux qu’ils rendent. L’enjeu est de trouver les financements adéquats. Mettre en évidence les coûts évités par les pratiques vertueuses en matière de pollution, de qualité des eaux, permettrait par exemple des transferts de budgets de la santé et de l’environnement à l’agriculture. Les consommateurs qui ont les moyens doivent aussi accepter de payer le juste prix.

(1) Cécile Detang-Dessendre présentera prochainement avec ses collègues au Parlement européen un rapport sur les variables de l’équation de la future Pac.