C’est davantage une tendance plutôt qu’une certitude. « Les participants agriculteurs apparaissent dans notre échantillon comme les plus éco-anxieux », selon une enquête de l’Ademe publiée le 15 avril 2025. « L’éco-anxiété, définie par les chercheurs comme une détresse psychologique (mal-être) découlant des inquiétudes face à la crise environnementale, est un sujet de préoccupation exponentielle pour les populations mondiales ». C’est parce que le sujet est mal documenté en France que l’Ademe a réalisé cette enquête.
« En première ligne face au dérèglement climatique »
Le constat pour les agriculteurs est relativisé par l’Agence de transition écologique elle-même compte tenu du faible nombre d’agriculteurs parmi les répondants : 10 sur 998 interrogés. « Bien qu’il soit proportionnellement représentatif, le score afférent à cette catégorie socioprofessionnelle ne peut être pris en compte pour rendre compte du niveau d’éco-anxiété de cette catégorie de Français. Une étude sur un échantillon plus large serait nécessaire pour approfondir cette première tendance ».
L’Ademe apporte tout de même une explication à ce score élevé chez les agriculteurs parmi lesquels aucun n’a répondu qu’il n’était « pas du tout éco-anxieux ». Elle le démontre par « leur exposition en « première ligne » au dérèglement climatique et à l’impact réel de ce dernier dans leur quotidien (sécheresses, inondations, canicules, stress hydrique des plantes…) [qui] peut générer une anxiété d’anticipation sur l’évolution de leurs récoltes à la baisse et donc de leurs revenus, voire de leur métier ».
Des ruraux moins éco-anxieux que les urbains
Autre enseignement : habiter en zone rurale est globalement associé à un niveau d’éco-anxiété plus faible que dans les grandes agglomérations, notamment la région parisienne. Plus la ville est grande, plus l’éco-anxiété augmente. L’Ademe l’explique en partie par « le fait que les conséquences du dérèglement climatique peuvent paraître plus insoutenables dans les villes, exposées à des chaleurs caniculaires plus intenses, à de la pollution, à une disparition progressive des espaces naturels, contrairement aux campagnes qui préservent plus facilement la fraîcheur, la biodiversité, l’air pur ».
Néanmoins, l’Ademe constate également dans son rapport que « la proximité à la nature, dans des zones agricoles, peut renforcer le sentiment d’écoanxiété face à la baisse de la biodiversité, à des sécheresses grandissantes, à des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes qui touchent les récoltes ». Ce qui génère « un stress réel pour ceux qui sont proches du vivant », conclut l’agence.
« Une prise en charge curative »
Parmi les solutions pour préserver la santé mentale des éco-anxieux, elle recommande une « une prise en charge curative et préventive de l’éco-anxiété » avec le vœu « de pouvoir dépasser le problème de santé publique et transformer l’énergie négative de l’éco-anxiété en énergie positive de résilience tournée vers l’éco-engagement, au service de la transition environnementale ».