Les acteurs du secteur agricole étaient réunis le 9 juin 2023 au ministère de l’Agriculture, afin de se voir « présenter les grandes lignes de la planification écologique pour l’agriculture et l’alimentation ». Cette rencontre fait suite à la présentation, le 22 mai dernier, par la Première ministre Élisabeth Borne, des objectifs de réduction de gaz à effet de serre dévolus à chaque secteur de production. L’agriculture s’est vue fixer un objectif de réduction de ses émissions à l'horizon de 2030 de 16 % par rapport à 2022, dont les principaux leviers sont l’élevage, les prairies et la réduction des intrants, avait précisé le document.

Fertilisants et élevage

Le ministère de l’Agriculture a pointé plusieurs chantiers à mettre en œuvre sans donner pour l’instant davantage de détails. « La décarbonation des fertilisants » par « les changements de pratiques et l’utilisation de plus de fertilisants organiques » est identifiée comme un « un enjeu majeur ». Sur la partie relative à l'élevage, le ministère met en avant l’amélioration de la conduite des troupeaux en matière d’alimentation comme un levier de réduction des émissions.

Il rappelle aussi que plusieurs autres chantiers ont déjà été lancés : le plan de réduction de l’utilisation des produits phyto, en févier par la Première ministre, le plan eau, annoncé en mars par Emmanuel Macron, le pacte en faveur de la haie, lancé par le ministre de l’Agriculture, le 9 mai dernier.

Manque des d’objectifs chiffrés

Pour la Confédération paysanne, cette réunion « a un goût d’inabouti ». « Nous sommes satisfaits de la mise en place d’une planification écologique, mais tous les objectifs ne sont pas chiffrés, et tous les leviers employés ne sont pas définis », regrette Laurence Marandola, porte-parole du syndicat interrogée par La France Agricole. Les sujets de l’eau, des engrais et de la biodiversité n’ont pas été abordés lors de la rencontre, rapporte-t-elle.

Donner de la visibilité

La Confédération paysanne insiste sur la nécessité « d’avoir une feuille de route ambitieuse » pour donner de la « visibilité et de la cohérence entre toutes les politiques, notamment au niveau commercial », et ainsi éviter les injonctions contradictoires. Laurence Marandola pointe également « un angle mort possible » de la planification écologique. « Il est indispensable pour pouvoir continuer à produire que les choses évoluent fortement sur les exploitations et que les agriculteurs soient accompagnés, mais on ne prévoit jamais de soutenir les agriculteurs qui contribuent déjà à la réduction des émissions, ceux qui gardent des haies ou qui maintiennent des prairies », souligne-t-elle.

Prochaine étape, un conseil de planification écologique qui se tiendra au début de juillet et qui présentera le projet de nouvelle stratégie nationale bas carbone.