, organe de conseil et d’audit du ministère de l’Agriculture, égratigne fortement la dernière campagne de promotion de l’enseignement agricole lancée au début de 2019 appelée « L’Aventure du vivant ».
De l’aventure aux mésaventures
Le rapport pointe du doigt une « distorsion d’image » entre les slogans utilisés ces dernières années (« Le savoir vert », « Un enseignement 100 % nature », « Des métiers grandeur nature » notamment) et la réalité. L’agriculture est loin d’être assimilée aux mots-clefs promus selon le document.
« Si l’initiative de la campagne de communication « L’aventure du vivant » a été unanimement saluée au sein de l’enseignement agricole, provoquant une stimulante mobilisation interne, son impact en externe semble encore peu perceptible jusqu’à présent, indique le rapport.
Les interlocuteurs de l’Éducation nationale rencontrés par la mission ignoraient l’existence de la campagne et n’avaient pas constaté d’effet particulier sur les jeunes ou leur famille ». Une ignorance qui ne se limite pas seulement à cette campagne mais plus largement à ce que propose l’enseignement agricole en termes de formations. « Seules les MFR (2) semblent bien repérées comme solution pour des élèves en difficulté et à qui un enseignement par alternance pourrait convenir », nuance le texte.
Des erreurs sur le site
La mésaventure ne s’arrêterait pas là car des chefs d’établissements de l’enseignement agricole ont également signalé des erreurs figurant sur le site internet de la campagne de communication. Autre reproche : les arguments développés pour promouvoir l’enseignement comme le cadre de vie rural ou l’internat ne sont plus autant d’actualité auprès des jeunes, selon les auteurs du rapport. « En effet, de plus en plus de jeunes préfèrent aujourd’hui évoluer en milieu urbain et certains d’entre eux sont plutôt rebelles à l’idée de devoir se plier à des règles strictes inhérentes à la vie de groupe en internat. »
Bientôt une occasion de se rattraper
Pour remédier à toutes ces lacunes, la mission suggère aux chefs d’établissements de vérifier le contenu du site internet, la suppression des acronymes des intitulés de formations pour les rendre plus explicites et d’axer la stratégie de communication « en privilégiant l’entrée par les métiers porteurs des valeurs sociétales actuelles ».
Le rapport évoque l’agroécologie, l’agriculture biologique, le bien-être animal, la conservation des sols et les circuits courts. L’enjeu est important pour l’enseignement agricole. Car si l’Éducation nationale voit ses effectifs régulièrement augmenter, ceux de l’enseignement agricole ont baissé entre 2012 et 2018 avant de se stabiliser en 2019 et lors de la dernière rentrée de septembre.
Le ministère de l’Agriculture aura l’occasion de corriger prochainement le tir. Le volet agricole du plan de relance de 100 milliards d’euros annoncé le 3 septembre dernier prévoit la mise en place d’une campagne grand public pour « faire connaître les 200 métiers et formations de l’agriculture et l’agroalimentaire et les besoins en recrutement ». Une aventure à ne pas rater.
(1) CGAAER : Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux.
(2) Maison familiale rurale.