Le cadmium continue de faire couler de l’encre. L’avocate Corinne Lepage alerte le gouvernement sur la pollution « considérable » au cadmium en France, qu’elle lie « principalement » aux engrais phosphatés, a annoncé son cabinet le 3 juillet 2025. C’est à la demande de trois associations, le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), Agir pour l’environnement (APE) et Santé, droit et société (SDS), qu’elle diffuse cette alerte.

Les Unions régionales de professionnels de santé, médecins libéraux, en avaient déjà émis une sur le sujet au début de juin 2025. « Si aucune action n’est entreprise pour réduire la teneur en cadmium dans les engrais minéraux phosphatés, un impact négatif sera conséquent pour le consommateur avec une augmentation significative du pourcentage de dépassement de la valeur toxicologique de référence observée chez les adultes comme chez les enfants », écrit le cabinet de Corinne Lepage dans son communiqué de presse.

Le Maroc déjà dans les clous

La teneur des engrais minéraux phosphatés en cadmium dépend de la nature de la roche de laquelle ils sont extraits. Les roches sédimentaires en contiennent naturellement davantage que les roches ignées, comme l’a expliqué Jacques Fourmanoir le 18 juin 2025, lors de l’assemblée générale de l’Union des industries de la fertilisation (Unifa) qu’il préside.

Au Maroc, qui fournit quelque 50 % de nos engrais minéraux phosphatés, les extractions sont réalisées à partir de roches sédimentaires. L’OCP, la société qui produit les engrais marocains, a indiqué sur LinkedIn le 23 juin que « tous [leurs] produits fertilisants destinés à l’Union européenne contiennent [déjà] moins de 20 mg de cadmium/kg P2O5 ». Ce seuil correspond à la concentration maximale de cadmium dans les engrais qu’avait recommandé en 2019 l’Anses, l’agence sanitaire française. La limite européenne aujourd’hui fixée à 60 mg de cadmium/kg P2O5.

L’Unifa a par ailleurs indiqué attendre, à la fin de 2025, la publication d’une étude de l’Anses pour laquelle elle a été auditionnée. Celle-ci vise à comprendre l’origine de la contamination de la population française au cadmium pour proposer des leviers d’action. Jacques Fourmanoir a insisté sur l’importante baisse de l’utilisation des engrais minéraux phosphatés en France sur les quarante dernières années. « Entre 1972 et 2017, les livraisons de phosphore ont chuté de près de 80 % », peut-on lire sur le portail « Notre-environnement » du gouvernement.

Mieux connaître le niveau de pollution

Le cabinet de Corinne Lepage indique également que l’avocate a demandé au Premier ministre et aux différents ministres responsables du Gouvernement :

  • « De prendre toutes les mesures utiles pour assurer la bonne connaissance des niveaux de pollution au cadmium et mettre en place le suivi des personnes susceptibles d’être contaminées » ;
  • « De rendre effectif le décret qui devait sortir il y a un an modifiant l’arrêté du 8 janvier 1998 qui modifie la valeur limite en mg/kg de matière sèche pour le cadmium dans les sols à 1 mg » ;
  • « De reconnaître leur carence fautive et d’indemniser le préjudice subi par les requérantes à hauteur de 1 euro, quitte à parfaire ».