La Commission européenne a proposé le 29 janvier 2025 d’instaurer des droits de douane prohibitifs sur les engrais russes et biélorusses. Cette proposition de défense commerciale sur les importations d’engrais devrait être votée demain 14 mars par le Comité des représentants permanents (Coreper), l’organisme qui prépare les travaux du Conseil de l’Union européenne. Une occasion pour le Copa et le Cogeca — les syndicats représentant les agriculteurs et les coopératives agricoles au niveau européen — de réitérer leurs préoccupations dans un communiqué du 12 mars.

Bien que ces organisations agricoles « reconnaissent le contexte géopolitique derrière ces mesures », ils déplorent que la proposition de Bruxelles « ne comporte pas d’analyse d’impact et ne dispose pas d’une stratégie claire à moyen et long terme pour garantir l’accès des agriculteurs à des engrais abordables ». Les syndicats estiment que cette proposition pourrait faire grimper le prix des engrais azotés de +40 à +45 €/t au sein de l’Union européenne et donc nuire à l’agriculture.

Le Copa et le Cogeca ont donc envoyé aux États membres, une lettre exhortant la présidence du Conseil « à soutenir les ajustements clés et nécessaires ». Ils estiment que les composants essentiels des engrais (N, P, K) devraient être exclus du champ d’application des mesures. Ils souhaitent aussi « un report d’un an, un mécanisme de sauvegarde fiable, des taux de quota plus élevés et une clause de révision annuelle ». Des propositions que les céréaliers français représentés par l’Association générale des producteurs de blé ont également formulées dans un communiqué le 10 mars.

Par ailleurs, le Copa et le Cogeca appellent la Commission européenne à « soutenir les sources alternatives de nutriments ». Ils proposent ainsi de « supprimer les droits antidumping sur les principaux engrais », et « d’accorder des dérogations au titre de la directive sur les nitrates (ReNure, digestat et prairies) ».

D’autres soutiennent la taxe

D’un autre côté, l’Union des industries de la fertilisation « regarde avec intérêt la proposition de la Commission », car celle-ci pourrait libérer l’Union européenne de sa forte dépendance aux engrais russes.

Dans un communiqué du 11 mars, l’association Les Amis de la Terre soutient elle aussi, mais pour d’autres raisons, le projet de taxe de la Commission. Elle aimerait que le règlement aille même plus loin en étant « étendu à l’ensemble des États autoritaires et belliqueux », y compris les États vers lesquels l’Union européenne pourrait se tourner pour compenser l’arrêt des importations russes. L’association cite « États-Unis, Algérie, Oman, Qatar et Trinité-et-Tobago principalement ». Enfin l’association réclame que « cette taxe soit assortie d’une politique agricole volontariste qui organise la sortie de la dépendance aux engrais fossiles », seule manière, estime Les Amis de la Terre « de mettre en place notre souveraineté alimentaire ».