« Pendant l'hiver 2022-2023, il a très peu plu sur le plateau de Saclay, dans les Yvelines, et le lessivage a été nul, rappelle Christophe Dion, chef du service d'agronomie à la chambre d'agriculture de l'Île-de-France. Les reliquats azotés étaient deux fois plus élevés qu'une année classique, à 92 unités. La dose appliquée sur maïs a donc été réduite, à 127 unités. »

L'essai sur des microparcelles (variété Milady) chez un agriculteur de Toussus-le-Noble a comparé trois modalités : 127 unités d'urine appliquées en présemis (7 avril 2023), 127 unités d'ammonitrate apportés au stade 6-8 feuilles (9 juin) et enfin 63,5 unités d'urine le 7 avril et autant d'ammonitrate le 9 juin. Les urines ont été enfouies dès l’épandage pour éviter la volatilisation.

32 m³/ha épandues

« Des urines issues de festivals, donc assez diluées avec une concentration en azote de 0,4 u pour 100 l, ont été utilisées, souligne Christophe Dion. Près de 32 m³/ha ont dû être épandus pour atteindre la dose de 127 unités. Si le stockage et l'épandage de ces gros volumes restent un problème pour l'agriculteur, les résultats agronomiques se révèlent bons », souligne-t-il.

142 q/ha ont été récoltés sur la modalité urine + ammonitrate, 140 q/ha avec l'apport d'urine et 138 q/ha avec l'ammonitrate, contre 122 q/ha pour le témoin sans apport.

« Il n'y a pas de différence significative entre les trois modalités fertilisées, la substitution de l'apport d'engrais minéral par un apport d'urine est donc totalement envisageable d’un point de vue agronomique, précise-t-il. Reste à disposer des volumes d’urine et d'un matériel d'épandage adapté, tel qu'un épandeur sans tonne utilisé pour le digestat par exemple. »

Concernant le suivi de la présence de résidus médicamenteux dans le sol faisant suite à l'utilisation des urines, l'étude Med-UrinAgri lancée en 2023 pendra fin en 2025. « Nous avons aussi déposé un projet Casdar avec les chambres d'agriculture du Rhône-Alpes et des Pays de la Loire pour faire des essais d'urino-fertilisants sur des Cipan et des cultures horticoles, explique Christophe Dion. L'idée est d'épandre 70 u/ha sur des couverts plutôt que sur des sols nus non ressuyés, ce qui pourrait abîmer la structure du sol. »