Les prix de la récolte 2022 de blé tendre sont ces derniers jours aux alentours des 300 €/t sur Euronext. "Les marchés ayant évolué ces derniers mois au-dessus de cette zone, il s’agit d’un seuil assez psychologique, qu’on appelle support", précise Arthur Portier d’Agritel.

- Les prix de la récolte 2022 de blé tendre sont revenus aux alentours des 300 €/t sur Euronext vers le 15 décembre.

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Risque de récession

Au-delà de toutes considérations fondamentales que sont l’offre et la demande sur la scène internationale, ces cours s’expliquent par une crainte au sujet de la macroéconomie. "Ce qui pèse actuellement sur les marchés, c’est le risque de récession et de ralentissement de la croissance au niveau mondial, précise l’analyste. On l’a bien vu avec la politique zéro Covid chinoise et le ralentissement de leurs activités et leur taux de croissance."

La semaine dernière, les marchés étaient donc tournés vers les décisions de la Fed (Banque centrale des États-Unis) et de la BCE (Banque centrale européenne) qui ont évoqué des taux de croissance bien moindre qu'attendu. En passant de 0,95 à 1,06 en peu de temps, la parité euro/dollar a accéléré la baisse des marchés. Tallage constate ainsi que "l’euro a enregistré la semaine dernière son niveau le plus haut depuis six mois". Et Agritel d’ajouter : "il y a au moins 10 à 15 €/t à mettre à l’actif de la parité".

- En passant de 0,95 à 1,06 en peu de temps, la parité euro/dollar a accéléré la baisse des marchés.

Le produit qui est le reflet de ce ralentissement de la croissance : c’est le pétrole. Il est revenu proche des 70 dollars le baril et essaie de rebondir à 75 dollars. Or, la baisse du pétrole entraîne celle des matières premières agricoles, et notamment du blé. "C’est très rare d’avoir du blé à plus de 320 dollars la tonne avec un prix du pétrole à 70 dollars", constate Arthur Portier.

Record en Australie

Des éléments fondamentaux viennent accentuer cette dynamique baissière. C’est le cas notamment de l’Australie avec une récolte record annoncée à 36,6 millions de tonnes. Par ailleurs, l’Argentine a été impactée par la sécheresse. Sa production ne devrait pas dépasser les 13 millions de tonnes, quand l’an dernier elle était de plus de 20 millions de tonnes.

Ces éléments pèsent au même titre que l’Ukraine et la Russie qui peuvent ressortir du blé. La Russie a un rythme de chargement soutenu et devrait exporter près de 43 millions de tonnes de blé, ce qui serait un record. Malgré les problèmes actuels, électriques notamment, l'Ukraine aurait aussi réussi à exporter 6,9 millions de tonnes à début décembre, soit 30% de moins qu’en 2022.

En cette fin d’année, l’atmosphère reste donc morose et il faudra certainement attendre mi-janvier pour repartir de l’avant. Si la logistique reste correcte en Mer Noire, il y aura du blé "mobile". "En revanche si on enlève l’Ukraine et la Russie, il n’y aura pas de place pour un incident climatique sur la récolte 2023 chez les autres pays exportateurs." Or déjà aux États-Unis, les blés d’hiver sont dans le sec et en Ukraine il y a 40 % de blé de moins que d’habitude