C’est chose faite ! Les textes attendus depuis de longs mois au sujet des pollinisateurs, et notamment de leur protection, ont enfin été transmis aux parties prenantes le lundi 7 juin 2021.

 

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Pour le moment, la FNSEA n’a pas voulu faire de commentaires sur l’arrêté « Mention abeilles » et le plan pollinisateurs avant la tenue le vendredi 11 juin 2021 après-midi de la réunion de concertation organisée par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique avec les différents acteurs concernés.

 

Dans un communiqué datant du 9 juin 2021, Générations Futures appuie : « le moins que l’on puisse dire c’est que le compte n’y est pas, visiblement le ministère de l’Écologie a encore perdu les arbitrages au profit du ministère de l’Agriculture ! » Pour l’association, « le gros point noir se trouve dans la « révision de l’arrêté abeilles de 2003 », censé mieux protéger les pollinisateurs de l’impact des pesticides. « Nous exprimerons fermement notre déception à l’occasion de cette réunion et espérons un changement réel de ce dernier au risque d’avoir un arrêté qui dans les faits ne changera rien pour les abeilles ! », conclu cette dernière.

 

Quant à l’Unaf (Union nationale de l’apiculture française), le SNA (Syndicat national d’apiculture), Terre d’Abeilles, la FFAP (Fédération française des apiculteurs professionnels), la Confédération paysanne et l’Association Bee Friendly, ils jugent aussi à la lecture de ces documents que « l’État doit revoir sa copie ».

Manque de prise en compte des demandes

« Les nouveaux documents transmis à l’issue de cette longue période d’arbitrages interministériels permettent, hélas, de déplorer une nouvelle fois le manque de prise en compte des demandes des organisations signataires, estiment ces derniers à l’origine du communiqué de presse du 9 juin 2021. La révision de l’arrêté abeilles de 2003, en particulier, visant à mieux protéger les pollinisateurs de l’impact des pesticides, est bien loin de tenir ses promesses. »

 

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Selon eux, le projet fait abstraction d’une partie importante des recommandations de février 2019 de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Ils se disent en conséquence déçus « devant le manque de volonté du gouvernement de protéger les pollinisateurs ».

Loin de garantir une avancée

Malgré l’extension, recommandée par l’Anses, de l’objet de l’arrêté à tous les produits phytosanitaires, tels que fongicides et herbicides, le projet d’arrêté est en l’état selon les organisations, syndicats et associations paysannes et apicoles, « loin de garantir une véritable avancée ».

 

  1. Trop nombreuses dérogations

    « Outre qu’il autorise l’épandage des produits bénéficiant d’une dérogation avant le coucher du soleil durant les heures de butinage, sans mesures d’atténuation prévues, le projet d’arrêté comprend de trop nombreuses dérogations, et ne donne pour l’instant aucune garantie de protection réelle des insectes pollinisateurs. »

  2. Délais trop longs

    « Les délais sont bien trop longs pour l’évaluation et l’application de l’arrêté sur les autres produits pesticides puisqu’il prévoit jusqu’à quatre ans pour que l’Anses se saisisse des dossiers. »

  3. Révision pas automatique des insecticides et acaricides

    « La révision des produits insecticides et acaricides bénéficiant déjà de la dérogation d’épandage en floraison n’est pas automatique. Pourtant, les tests en vigueur actuellement, et qui devraient être renforcés avec la nouvelle réglementation, sont trop laxistes pour réaliser le tri des produits trop nocifs pour bénéficier d’une dérogation ».

Pour un véritable plan en faveur de la faune pollinisatrice

Ils réaffirment donc leur mobilisation pour un plan pollinisateurs véritablement en faveur de la faune pollinisatrice afin que celui-ci remplisse les objectifs de :

 

  • protéger durablement les pollinisateurs ;
  • leur assurer un environnement sain ;
  • et garantir aux apiculteurs français le respect de leur activité au service de l’agriculture et de la biodiversité ainsi que la poursuite de l’activité apicole sur le territoire.

 

« Ce plan pollinisateurs doit permettre de se doter des moyens techniques de court terme et d’une réflexion de long terme afin de se donner comme objectif commun l’affranchissement des pesticides de synthèse », concluent les associations et syndicats signataires.