Les éleveurs d’ovins se sentent déjà sacrifiés par le projet d’accord commercial, en cours de finalisation, entre la Commission européenne et la Nouvelle-Zélande. La Première ministre Jacinda Ardern se trouve actuellement à Bruxelles pour parler des derniers détails en vue d’une signature à la fin du mois de juin 2022.

 

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« Mettre des garde-fous »

La Fédération nationale ovine (FNO) demande, dans une prise de position publiée le 29 juin 2022, au gouvernement français d’intervenir auprès de la Commission et du Conseil pour « mettre des garde-fous dans cet accord de libre-échange pour protéger les éleveurs, les consommateurs et les intérêts de l’Union européenne. »

 

Trois points du projet d’accord suscitent les inquiétudes de la Fédération nationale ovine (FNO) :

  • Le maintien des contingents historiques accordés à la Nouvelle-Zélande (228 254 tonnes pour l’Union européenne à 28 et 114 184 tonnes depuis l’Union européenne à 27 en 2021). « Ces contingents n’ont jamais été consommés totalement par ce pays (seulement 50 % réellement consommés par an). De plus, la Commission européenne souhaite leur accorder un contingent supplémentaire de 38 000 tonnes, le tout sans aucune condition imposée », s’insurge la FNO. Alors que ces contingents étaient accordés dans les années 1990 essentiellement pour des exportations congelées, la situation s’est inversée depuis. « L’envoi de la quasi-totalité de la viande ovine néo-zélandaise se fait en frais ; ce qui vient concurrencer directement les éleveurs ovins français et européens avec des prix bas au vu des modes de production locale », ajoute la FNO.
  • Le différentiel des conditions de production entre la Nouvelle-Zélande et l’Europe. « Prenons l’exemple du diflubenzuron qui est un pesticide utilisé principalement en élevage ovin tant sur les prairies que sur les animaux, classé possible cancérogène et interdit par l’Union européenne en janvier 2021. Il est utilisé habituellement par les éleveurs néo-zélandais et ne fait, à ce jour, l’objet d’aucune restriction aux importations européennes depuis ce pays », argumente la FNO. Et pourtant, la mise en place des clauses miroirs était une priorité de la présidence française de l’Union européenne pendant le premier semestre de 2022.
  • Enfin, l’accord entre l’Union européenne et l’Irlande du Nord dans le cadre du Brexit fait craindre à la FNO que le Royaume-Uni ne devienne un « cheval de Troie » dans les échanges internationaux.

 

La FNO demande des garde-fous pour pallier les effets dévastateurs de ce projet d’accord. « Ces garanties passent a minima par la mise en place de conditions tarifaires et des critères techniques impératifs, dont notamment :

  • Un contingentement frais/congelés avec une saisonnalité des envois, en fonction des besoins des marchés français et européen ;
  • L’affichage de la date d’abattage au nom de la traçabilité et la transparence de la chaîne alimentaire tant promue par la Commission européenne », détaille la FNO.