L’utilisation de protéines animales transformées (PAT), dérivées d’insectes ou provenant de non-ruminants, dans l’alimentation des porcs et des volailles est actuellement à l’étude à la Commission européenne.
Pour éviter une réémergence de maladies à prions en Europe, l’Anses a été saisie pour « identifier les situations à risque au cours desquelles des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), connues ou inconnues sur le terrain, pourraient être transmises, amplifiées et difficilement maîtrisables une décennie plus tard », rapporte Charlotte Dunoyer, cheffe de l’unité Évaluation des risques liés à la santé, à l’alimentation et au bien-être des animaux.
> Pour davantage d’informations : Alimentation animale, Bruxelles propose la réintroduction des protéines animales transformées (17/03/2021)
Une séparation stricte des lignes de production
En cas d’autorisation des PAT de volailles dans l’alimentation des porcs et inversement, le projet de texte européen prévoit une « séparation effective par espèce des sites de production, depuis l’abattoir jusqu’à la livraison des produits chez l’éleveur (1) », rappelle l’Anses, qui identifie la contamination croisée comme étant le principal risque de transmission d’une EST.
D’après l’Anses, les abattoirs mixtes, traitant plusieurs espèces, sont « le maillon faible de cette chaîne de production, le risque de transmission y étant évalué comme le plus élevé ». « Il a été montré expérimentalement que les porcs peuvent développer la maladie s’ils sont contaminés par certaines EST de ruminants », justifie-t-elle dans son avis.
Des règles sanitaires pour l’élevage d’insectes
L’introduction des PAT d’insectes dans l’alimentation des porcs et des volailles étant aussi envisagée, l’Anses recommande de respecter quelques règles sanitaires propres à cet élevage. En effet, les insectes, bien qu’ils présentent peu de risques de transmission des EST, pourraient « transférer aux porcs et aux volailles des micro-organismes pathogènes et des contaminants chimiques », prévient l’Anses.
« Ainsi, la source de nourriture des insectes doit respecter la réglementation en vigueur pour l’alimentation des animaux d’élevage. Cela signifie qu’ils ne doivent pas être nourris de déchets ni de déjections, sources importantes de contaminations microbiennes. De même, les insectes doivent être complètement débarrassés du substrat sur lequel ils sont élevés avant de débuter le processus de transformation en PAT », poursuit l’organisme.
En dernier lieu, l’Agence nationale de sécurité sanitaire recommande de contrôler la présence de métaux lourds dans les PAT d’insectes.
> À lire aussi : Nutrition animale, de l’huile d’insectes pour l’alimentation des porcs (04/05/2021)
(1) La réglementation examinée prévoit que des dérogations puissent être accordées sous la responsabilité des États membres. Dans les faits, en France, comme dans d’autres pays européens, certains abattoirs et usines de production d’aliments concernent plusieurs espèces.