En cette période de crise agricole, est-ce que le Concours général agricole peut être une bouée de sauvetage pour certains producteurs ?
Les deux principales revendications des agriculteurs sont la reconnaissance de leur travail et la valorisation de leur chiffre d’affaires. Le concours répond positivement à ces deux préoccupations. Dans une recherche de souveraineté alimentaire, nous avons plus que jamais besoin des producteurs, les médailles récompensent l’excellence de nos terroirs. D’un point de vue économique, le concours permet d’augmenter automatiquement les ventes des produits médaillés entre 18 et 40 %, de quoi assurer une rentabilité ! Les agriculteurs ont besoin de ce concours, encore plus aujourd’hui qu’hier.
La ministre de l’Agriculture a remis les prix d’Excellence 2025 du Concours général agricole (21/01/2025)
Quels sont les moyens pour faire connaître le macaron auprès du grand public ?
Nous communiquons auprès des consommateurs via des portraits des producteurs et productrices sur leur ferme dans la presse régionale, dans les magazines d’art de vivre ou de cuisine, et par des pastilles vidéos sur les réseaux sociaux… Au total, c’est un budget de 600 000 euros par an. Les résultats sont là : 82 % des Français reconnaissent le macaron du concours, même s’ils ne savent pas toujours que c’est le seul concours qui dépend du ministère de l’Agriculture.
Qu’est-ce qui différencie le Concours général agricole des autres concours ?
En plus de notre renommée de 154 ans d’histoire et de notre exigence, seulement 25 % des échantillons des produits sont primés et nous contrôlons les médailles en point de vente. Les retombées économiques attirent les fraudes… Nous imprimons des macarons avec un filigrane, comme les billets de banque, et nous avons mis au point une application pour détecter les vrais des faux macarons. En tant que commissaire général, j’ai le pouvoir de mettre des amendes. En 2024, leur total s’élevait à 266 000 euros.
Comment un concours qui a plus de 154 ans peut-il être ancré dans son époque ?
Ces dernières années, nous avons eu deux évolutions majeures. D’abord, nous avons ouvert les jurys aux consommateurs en plus des professionnels. Cette année, nous avons reçu 16 000 demandes en trois semaines. 8 000 sont retenues. Nous leur proposons une journée de formation pour apprendre les critères de dégustation. Depuis deux ans, nous essayons de réunir toutes les générations autour de la table et de viser la parité. La moyenne d’âge a rajeuni de dix ans, à 53 ans. Nous adaptons également les catégories de produits aux évolutions alimentaires. Nous introduisons davantage le végétal comme le chou de la choucroute, le pain ou, pour la première fois, des bières sans alcool. Nous réfléchissons à un concours de pâtes.
Au sein d’une même catégorie, on croise aussi bien des producteurs que des industriels de l’agroalimentaire. Pourquoi ne pas segmenter selon la taille de l’entreprise ?
Notre premier critère est le goût. Quel que soit le moyen de production ou la méthode culturale, c’est la qualité gustative qui prime. De plus, même si cette demande est récurrente pour de nombreuses catégories, il est impossible d’un point de vue logistique de dédoubler les catégories. Nous recevons déjà 14 000 échantillons de vin et 6 300 échantillons de produits. Pendant le concours, plus de 2 000 tables de six personnes sont dressées avec le contenant adéquat pour déguster, et 1 500 personnes pour le service. Un hall entier du Salon de l’agriculture est réservé au concours… Impossible de doubler ces chiffres.