« À ce jour, la loi Egalim ne garantit pas de payer les producteurs au-dessus des coûts de production. Elle oblige seulement de les prendre en compte mais elle n’assure pas systématiquement un salaire décent aux agriculteurs. On souhaite développer des actions innovantes locales sans attendre une évolution de la loi Egalim pour agir sur la rémunération des agriculteurs et ouvrir les champs des possibles », déclare Blaise Desbordes, directeur général de l’ONG Max Havelaar France.
Pour ce faire, l’ONG Max Havelaar lance une expérimentation à Clermont-Ferrand et à Lyon. L’objectif : mettre en place un service d’accompagnement à la collectivité pour améliorer la rémunération des agriculteurs dans leurs achats publics destinés aux restaurations collectives.
Un plan en quatre étapes
Les laboratoires débuteront par un diagnostic pour évaluer la manière dont sont rémunérés les agriculteurs dans leurs chaînes d’approvisionnement. « Pour cela, on part de la collectivité et on remonte les chaînes d’approvisionnement par filière pour savoir qui sont les agriculteurs dans les assiettes des cantines. Ensuite, on détermine les prix de revient et les écarts réels qu’il y a dans les chaînes logistiques des collectivités », témoigne Jules Colombo, ingénieur agronome et chef de projet de filières à Max Havelaar France. En clair, l’ONG va déduire la rémunération exacte des producteurs en observant les prix pratiqués dans la chaîne d’approvisionnement des collectivités pour accompagner les territoires et fixer des prix « planchers ».
Une étape succède au diagnostic : rassembler de potentiels acheteurs pour enclencher le label « Commerce équitable ». « On rassemble des intentions d’achat des villes et des territoires pour que les filières, soit les producteurs et les transformateurs, s’engagent dans le commerce équitable. C’est une façon de les convaincre de passer le cap avec des volumes suffisants sans avoir peur de ne pas trouver d’acheteurs », explique Blaise Desbordes.
Clauses d’achat et nouveaux produits
L’association prévoit aussi de travailler sur les clauses des marchés publics. Concrètement, une ville est obligée de publier dans un journal ses volontés d’acheter des lots de produits alimentaires et agricoles pour alimenter ses cantines. Les industriels répondent ensuite à ces offres en stipulant leurs conditions d’achat. « On va proposer à un maximum de collectivités de les aider à passer des commandes de produits agricoles “équitables et justes rémunérations” sur les marchés publics » car il s’agit d’un marché très réglementé par l’Union européenne », développe le directeur de l’ONG. Enfin, l’association souhaite faire émerger des produits qui ont un « double critère de qualité et de rémunération équitable » labellisé au sein des cantines.
« On est encore sur une phase initiale. On n’a pas encore les volumes ni les cantines concernées. Toutefois, les résultats des premiers diagnostics devraient voir le jour à la fin de l’année », constate Jules Colombo.