C’est une démarche « offensive » qui est désormais lancée, se félicite Jérôme Despey, président du Centre national pour la promotion des produits agricoles et alimentaires (CNPA), ce mardi 6 février 2024 à Paris en compagnie des représentants de l’Ania, l’Anivin de France, Chambres d’agriculture France, la FNSEA, le CNIPT, la CNMCCA, Inaporc, Interbev, Intercéréales, Interfel, La Coopération Agricole et le Medef.
Quelle est cette « démarche offensive » ? Les principaux acteurs de la filière agroalimentaire de France ont décidé de se réunir en un « collectif export et souveraineté alimentaire » pour défendre l’exportation française à la veille de l’annonce des résultats du commerce extérieur.
L’idée avait été lancée, après dernier Salon de l’agriculture, où les acteurs de l’agroalimentaire avaient partagé leurs craintes d’une montée des discours opposant exportation et souveraineté nationale, explique Florence Rossillion, directrice générale du CNIPT. Avec ce regroupement, « nous voulons lancer une grande campagne de mobilisation collective », appelle Jérôme Despey.
D’ici au mois d’avril, les participants au collectif espèrent construire des propositions concrètes et opérationnelles pour en faire un livre blanc présenté lors des assises du collectif à la fin de l’année 2024. Ils espèrent pouvoir « chasser en meute et co-construire pour mieux affronter les marchés » face aux concurrents étrangers, illustre le président du CNPA.
Des propositions pour défendre l’exportation
Pour appuyer leur discours, les filières ont commandé une étude du cabinet Asterès dans le but d’observer les bienfaits des exportations françaises à la souveraineté. L’étude, menée sur plus de 12 000 entreprises agricoles et agroalimentaires sur l’ensemble des filières (soit 60 % des exportations, d’après le cabinet), pose un premier constat : le déclin progressif de la France sur le marché mondial qui est passée de 5,7 % des parts de marché en 2010 à 4,5 % en 2022. Si la balance commerciale reste excédentaire, le cabinet s’inquiète de la place prépondérante des vins et spiritueux, et des céréales. Sans ces produits, la balance commerciale serait déficitaire, souligne Asterès.
En réalisant deux scénarios contradictoires (l’un avec la hausse des exportations, l’autre avec leur chute), le cabinet parvient à une conclusion. Si les exportations sont en hausse, alors il en sera de même pour la production, ce qui favorisera les économies d’échelle et « bénéficiera au consommateur français comme étranger », observe le cabinet.
Si une entreprise augmente ses exportations de 10 %, les bénéfices augmentent de 11,5 %, les capitaux propres de 6,6 % et la masse salariale de 4,9 %, souligne l’économiste Nicolas Bouzou. L’exportation servira donc au maintien de l’emploi en France, mais c’est aussi, un moyen de valoriser les sous-produits en vendant, par exemple, les pieds et tête de cochons dans les pays d’Asie alors qu’ils sont peu consommés en France, plaide-t-on du côté d’Interbev.