Le local a la cote. Révélée lors de la septième édition des Assises de l’alimentation et l’agriculture organisée par le journal Ouest-France le 15 novembre 2023, l’étude annuelle réalisée en partenariat avec l’Ifop (Institut français d’opinion publique) se penche sur l’image des agriculteurs auprès de la population française en 2023. Les produits régionaux ont le vent en poupe : près de neuf Français sur dix privilégient les aliments produits en France, dont sept sur dix très régulièrement.

« Il y a une vraie tendance qui s’est accélérée après le Covid, à la fois pour des raisons écologiques et par une forme de patriotisme local », analyse Jérôme Fourquet, directeur de l’Ifop et invité aux Assises de l’alimentation. Ce « patriotisme local » s’observe par une forme de défense des emplois nationaux via l’achat de produits locaux avec un « transfert du biologique vers le local ». Six personnes interrogées sur dix privilégient systématiquement ou souvent les produits de sa région ou proche de chez elle.

« Transfert du bio vers le local »

Mais de fortes disparités apparaissent selon l’âge des consommateurs. Si 86 % des 65 ans et plus privilégient systématiquement ou souvent les aliments produits en France, ils ne sont que 60 % des 25-34 ans à les privilégier régulièrement. Ce bémol étonnant au regard de la « génération climat », observe Jérôme Fourquet, est aussi à corréler à l’inflation qui frappe durement les ménages.

Ainsi 57 % seraient prêts à payer plus cher leurs produits alimentaires pour garantir un revenu correct aux agriculteurs (et seuls 44 % des catégories modestes contre 72 % des catégories aisées). Trois ans auparavant, en 2020, sept Français sur dix était prêt à payer plus.

La population française n’est pas pour autant insensible aux difficultés des agriculteurs. Plus de la moitié pense qu’il faudrait que le gouvernement les soutienne davantage. Et 66 % des Français estiment qu’il n’y aura pas assez d’agriculteurs dans les années à venir pour assurer l’alimentation de la population française.

Trois quarts des Français ont confiance dans les agriculteurs

Mais face au manque d’agriculteurs, seuls 20 % recommanderaient à leurs enfants de s’engager dans cette voie. Alors qu’ils ont plutôt une vision positive du secteur (74 % considèrent que les consommateurs peuvent avoir confiance dans les agriculteurs et 61 % les considèrent respectueux de l’environnement), les consommateurs ont surtout conscience d’un métier aux charges horaires et financières lourdes, note Jérôme Fourquet. Même si ce résultat doit être comparé avec d’autres métiers aux résultats similaires, nuance l’analyste politique.

Un espoir, face au défi du renouvellement des générations, les jeunes semblent plus enclins à promouvoir la filière. Un tiers des 18-24 ans conseilleraient à leurs enfants de devenir agriculteurs. Un « retournement de l’image du monde agricole », qui correspond à « l’aspiration à retrouver du sens dans son travail », relève Jérôme Fourquet.