« Malheureusement, les éleveurs ne vivent plus de leur métier. On en perd tous les jours ! », s’inquiète Olivier Lasternas, éleveur et président du herd-book limousin, ce mardi 3 octobre 2023 en ouverture du Sommet de l’élevage. Pour lui, le maillon de l’élevage « subit depuis une quinzaine d’années le poids de l’industrie et de la grande distribution. La loi Egalim n’est pas appliquée au quotidien, et les éleveurs en souffrent ».

Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, présent pour lancer le concours national de la race limousine, a tenté de le rassurer. « La souveraineté alimentaire a un prix, qui doit être payé pour ce qu’elle représente ». Le ministre espère également que du côté des consommateurs, « le Covid-19 et la crise ukrainienne réveilleront les consciences sur les sujets agricoles, au même titre que l’énergie nucléaire ».

« Comment investir sans stabilité ? »

Du côté de l’élevage laitier, les inquiétudes se portent également sur les questions économiques. « Autour de moi, beaucoup d’éleveurs arrêtent leur activité, témoigne Jean-Marc Larribe, producteur de lait à Saint-Maurice-En-Quercy, dans le Lot. Que va faire le prix du lait à l’avenir ? », s’interroge-t-il. « La rémunération est l’un des sujets prioritaires, avec celui du renouvellement des générations et l’amélioration des conditions de travail, notamment avec le remplacement », répond le ministre.

Et Marc Fesneau d’insister sur « le portage des capitaux pour s’installer ». « Pour un jeune, reprendre une ferme avec le cheptel et le foncier, c’est financièrement impossible », poursuit Jean-Marc Larribe. « Comment investir si l’on a ni stabilité économique, ni vision sur l’avenir », enchérit un jeune éleveur. Pour sa part, Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), appelle à la prudence sur le sujet des énergies renouvelables. « Demain, on aura toujours de la lumière, mais on n’aura peut-être plus rien dans les assiettes, prévient-il. Et la méthanisation vient parfois concurrencer l’élevage sur les fourrages. »

« 55 départements prédatés »

La prédation a également fait partie des sujets chauds de la journée. « 55 départements sont aujourd’hui prédatés. Au regard de la hausse de la population, le mot « régulation » est-il tabou ? », constate Claude Font, en charge de ce dossier à la Fédération nationale ovine (FNO). « Dans le nouveau Plan Loup, on a ouvert toutes les boîtes jusqu’alors fermées, dont la question du statut du prédateur, répond le ministre. Si ce dernier est modifié, on pourra parler de régulation. »

Sur le volet sanitaire, la maladie hémorragique épizootique (MHE) est dans toutes les têtes. « C’est un réel souci pour les veaux mâle laitiers », rappelle Thierry Roquefeuil. Le ministre de l’Agriculture a en partie levé ces préoccupations en annonçant l’ouverture des frontières espagnoles aux ruminants issus des zones réglementées vis-à-vis de la maladie. « On espère avancer sur ce sujet avec l’Italie dans les heures ou les jours qui viennent », a prudemment avancé Marc Fesneau.