Désormais, selon ces arrêtés, les traitements sont interdits à moins de 100 mètres des lotissements, crèches et écoles, et les agriculteurs ont l’obligation de les déclarer 48 heures à l’avance dans cinq communes du PNR de l’Avesnois. Les maires invoquent la préservation du bocage pour justifier leur décision.
La pomme de terre dans le collimateur
Au début de mai à Anor, l’une des communes concernées, des parents avaient envoyé à l’école leurs enfants en combinaisons blanches et masques de protection pour alerter. La cause de leur inquiétude : un agriculteur néerlandais qui cultive des pommes de terre à moins de 100 mètres de l’établissement scolaire. Sur ce territoire proche de la Belgique, les habitants se méfient en effet des agriculteurs belges et néerlandais qui passent la frontière pour cultiver la pomme de terre en France, sous-louant parfois illégalement. La mesure anti-pesticides interroge ce propriétaire flamand, qui déclare ses traitements à l’avance : « Aujourd’hui, je remplis mon papier mais s’il y a trop de vent le jour J et que, par contre, le lendemain il fait beau, qu’est-ce qu’il faut faire ? »
Les maires contre l’État
Les arrêtés ont été jugés illégaux par Alexander Grimaud, le sous-préfet de l’arrondissement d’Avesnes-sur-Helpe. Les maires ont deux mois pour les retirer. En attendant, une concertation avec les élus et les représentants des agriculteurs est prévue pour mettre en place une « charte sur les bons usages des phytosanitaires ». « Un maire ne peut pas décider de limiter ou d’interdire l’usage des pesticides sur sa commune. L’autorité qui en a la compétence, c’est le préfet », souligne Alexander Grimaud. Selon lui, aucun des 18 contrôles effectués depuis mai n’a mis en évidence l’utilisation de produits interdits dans l’Hexagone.
Cela ne suffit pas au maire d’Anor, Jean-Luc Pérat, qui refuse de revenir sur sa décision « tant qu’il n’aura pas par écrit les résultats ». Une perte de biodiversité et de valeur du paysage est aussi crainte. « C’est touristique parce que c’est beau. Si demain il n’y a plus que des champs de pommes de terre, les gens ne viendront plus », a déclaré Fabrice Preux, cofondateur du collectif « Bocage Sambre-Avesnois en danger ». Passé le délai donné aux maires pour retirer leurs arrêtés, l’affaire pourrait être portée devant le tribunal administratif.