Le monde agricole, l’industrie agroalimentaire et le ministre de l’Agriculture se sont retrouvés le 30 août 2022, pour un débat lors des rencontres des entrepreneurs de France organisées par le Medef. Ils ont plaidé pour une hausse des prix alimentaires qui prenne en compte le renchérissement des coûts de productions agricoles.

Des hausses successives des coûts de production

« Il faut la rémunération de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Je ne demande pas de la morale, mais de la logique économique », a déclaré Marc Fesneau, dans ce débat sur le thème des « Vivres pour vivre ».

 

« Est-ce que vous connaissez un salarié qui accepterait huit années de suite de voir son salaire baisser ? C’est ce qui s’est produit dans l’industrie agroalimentaire », a dit Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui participait également au débat avec Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

 

À la fin de février, une première hausse des prix de 3 % avait été conclue entre industriels et distributeurs, prenant en compte l’inflation qui durait depuis la fin du troisième trimestre de 2021. C’était alors la première hausse des prix alimentaires depuis 2014.

 

Mais depuis mars, et à la demande du gouvernement, les négociations commerciales ont rouvert, parce que les prix dans les rayons alimentaires ne reflétaient plus la réalité des coûts de production qui ont subi une inflation aggravée depuis le début de la guerre en Ukraine.

Gaz et électricité flambent

La France voit ses flux de gaz en provenance de la Russie tarir. Et les Européens se préparent à un possible arrêt total de la part de Moscou, pour protester contre les sanctions prises depuis l’invasion de l’Ukraine. Du côté de l’électricité, la situation est également sous tension en raison de l’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire français, notamment pour des problèmes de corrosion.

 

« Les nouveaux tarifs (2023) des contrats d’énergie s’envolent, avec un prix de l’énergie 20 fois plus élevé pour le gaz et 10 fois plus pour l’électricité qu’avant la crise énergétique », explique l’Ania dans un communiqué publié mardi après le débat au Medef.

Les filières traversent « une crise profonde »

« Monsieur Bompard (directeur général de Carrefour, qui participait à un autre débat du Medef plus tôt, NDLR) parlait tout à l’heure de ses clients, de ses salariés et du pouvoir d’achat, jamais de ses fournisseurs, il considère qu’on pourra toujours acheter moins cher ailleurs », s’est agacée Christiane Lambert.

 

Dans le public, attentifs au débat, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) était présente, mais aussi Frédéric Thuillier, le directeur des affaires publiques du groupe Les Mousquetaires, qui reconnaît que les filières traversent « une crise profonde », après « la crise ukrainienne, ensuite la grippe aviaire et maintenant la sécheresse ».