« Le passage de la vente de gré à gré au cadran a redynamisé le marché, estime Hervé Portal, administrateur du marché de Saugues, dans la Haute-Loire. Les jeunes apportent plus volontiers leurs animaux alors qu’ils étaient devenus plus réticents. » Le marché de gré à gré impose de négocier avec les acheteurs, et tous les jeunes vendeurs ne sont pas à l’aise avec cette contrainte.

Les animaux pesés avant les enchères

Les animaux sont pesés avant la mise en case. © M.-F. Malterre
Les animaux sont pesés avant la mise en case. © M.-F. Malterre

La vente au cadran révolutionne les pratiques. Acheteurs et vendeurs ne sont plus en contact direct. Avant de décharger ses animaux, l’éleveur reçoit un numéro correspondant à son lot, mais il n’aura pas accès à la salle des ventes. Tous les animaux sont pesés avant le mise en case.

Les vendeurs suivent la vente à distance

Les acheteurs, de leur côté, se voient attribuer un boîtier pour enchérir sur les lots de leur choix. Ils suivent le chef des ventes qui passe devant les lots avec son chariot équipé d’une caméra et d’un ordinateur.

Le chef des ventes circule avec son chariot devant les lots et anime les enchères. © M.-F. Malterre
Le chef des ventes circule avec son chariot devant les lots et anime les enchères. © M.-F. Malterre

Pendant les enchères, les vendeurs sont regroupés dans une salle d’où ils peuvent suivre les enchères sur un écran.

Le 18 septembre 2020, les vendeurs suivent la vente à distance sur des écrans. © M.-F. Malterre
Le 18 septembre 2020, les vendeurs suivent la vente à distance sur des écrans. © M.-F. Malterre

Le vendeur suit les enchères concernant ses animaux dans une autre pièce. À la fin, il a le choix d’accepter ou non l’offre de l’acheteur d’un simple clic. S’il refuse l’offre de l’acheteur, son lot aura une deuxième chance et pourra repasser devant les acheteurs. Cela permet parfois de grappiller quelques centimes ou bien d’en perdre, si les négociants ont couvert leurs besoins.

Lors du passage de son lot, le vendeur donne son accord ou non pour l’enchère proposée à distance. © M.-F. Malterre
Lors du passage de son lot, le vendeur donne son accord ou non pour l’enchère proposée à distance. © M.-F. Malterre

Ce fonctionnement est en place depuis le 18 novembre 2019. « Nous étions un groupe d’éleveurs motivés, ajoute Hervé Portal. Le montage de ce projet a pris quatre ans. Nous avons visité de nombreux marchés au cadran avant d’opter pour la formule du chariot qui se déplace devant les box des animaux. Cette solution était la moins coûteuse. Les travaux ont coûté 700 000 €. »

20 à 30 % d’effectif en plus

Le marché s’est aussi ouvert aux gros bovins tous les quinze jours depuis cette date. « Un lundi sur deux, entre cinquante et soixante broutards et de vaches de réformes sont proposés à la vente en plus des petits veaux et du marché ovin du vendredi », explique Didier Lebrat, le président de l’association des éleveurs du marché au cadran.

 

« Les marchés aux bovins les plus proches étaient très loin, dans le Cantal et en Corrèze, poursuit-il, Et nous n’avions pas de repère pour les cotations. » Au final, les effectifs ont été boosté de 20 à 30 %, estiment les éleveurs. « Quelques anciens apporteurs reviennent petit à petit sur le marché », observe Didier Lebrat.

 

Le coronavirus perturbe toujours les cotations. « Avec les annonces de fermeture de restaurants, les acheteurs sont prudents, explique Didier Lebrat. La vente au cadran occasionne des frais pour les vendeurs (1,7 % du montant de la vente) et pour les acheteurs (1,3 % du montant de la vente), mais globalement les cotations sont plus élevées que lors des ventes de gré à gré.