«La symbiose désigne la relation bénéfique entre deux partenaires. La plante, via la photosynthèse, apporte carbone et énergie, et la bactérie fournit l’équipement enzymatique permettant de fixer l’azote de l’air. Cela aboutit à la formation d’une nodosité », informe Xavier Pinochet, de Terres Inovia. En conditions favorables, cette symbiose assure ainsi 70 à 80 % de la nutrition azotée du soja, par exemple. Plus d’une centaine d’espèces de Rhizobium ont été identifiées, cependant, à chaque plante correspond un certain nombre de bactéries. « C’est la spécificité d’hôte », précise le spécialiste.
Quand inoculer ?
Dans le cas d’une espèce introduite récemment, comme le soja en France, le sol est dépourvu du Rhizobium spécifique de la plante qui doit être apporté la première année de culture. L’inoculation n’est pas nécessaire pour le pois, la féverole ou la lentille, plantes originaires de l’Hexagone, pour lesquelles une population de bactéries est déjà installée. « Cela dépend parfois de la zone géographique : pour le pois chiche, les bactéries sont absentes au Nord de la France et en sols acides. Pour le fenugrec, on trouve des populations natives uniquement en zone méditerranéenne », ajoute Xavier Pinochet.
Les bactéries peuvent être limitées dans certaines conditions du milieu, comme pour le lupin en sols alcalins (pH > 7), ou la luzerne en sols acides, qui doivent être inoculés. Inutile de réinoculer si la culture revient dans les cinq ans.
Avec quelles techniques ?
Terres Inovia conseille d’appliquer une concentration de 1 million de bactéries par graine. « Historiquement, les inocula étaient conservés sur de la tourbe neutralisée et stérilisée, vendue en sachet, qui servait à enrober les graines au moment du semis, se souvient Xavier Pinochet. On rajoutait de la gomme arabique pour une meilleure tenue sur les semences. Aujourd’hui, on utilise des adjuvants collants. » L’inoculation sur microgranulés d’argile, mélangés à la tourbe, est possible avec un semoir équipé d’un microgranulateur. « Cette technique est néanmoins plutôt mise de côté aujourd’hui », explique l’expert. La tourbe, coûteuse à traiter, n’est plus utilisée avec l’arrivée de l’inoculum liquide. « Les producteurs d’inoculum ont fait des progrès dans la stabilité des cultures bactériennes. On obtient de bons résultats », ajoute Xavier Pinochet. La dernière nouveauté est la pré-inoculation des semences. « L’agriculteur n’a plus aucune manipulation à faire, mais le cahier des charges reste difficile pour la survie de la bactérie. » À retenir que le Rhizobium est très sensible aux fortes températures, dessèchement et UV solaires.
Facteurs limitants
La présence d’azote minéral dans le sol (30 à 50 unités d’azote) inhibe la nodulation. « La tolérance à la teneur en nitrates diffère selon les espèces : la mise en place des nodules est freinée dès 30 unités pour le haricot, tandis que la féverole a une tolérance jusqu’à 80 unités », explique Xavier Pinochet. De plus, la sécheresse affecte la taille des populations de Rhizobium et les conditions de rencontre plante-bactérie. La chlorose ferrique impacte aussi la photosynthèse et le système fixateur. Pois, soja ou lupin y sont notamment sensibles. Justine Papin