« Il n’y a plus de solutions clés en main, il faut s’adapter en direct aux conditions de l’année pour désherber », résume Cyril Hannon, animateur de la filière des pommes de terre chez Arvalis. Le prosulfocarbe est sur la sellette (lire l'encadré) et l’arrêt de la métribuzine est programmé en 2025. Dans ce contexte, l’institut technique teste depuis plusieurs années des molécules en prélevée et leur combinaison avec du désherbage mécanique. Différentes modalités, chimiques et/ou mécaniques, ont été testées en 2023 à Boigneville (Essonne) sur la variété Allians plantée le 2 mai 2023.
Le déficit de précipitations après le traitement de prélevée a entraîné une perte d’efficacité en fin d’essai des produits de prélevée, notamment sur morelle noire et renouée liseron. « Une postlevée aurait été nécessaire », convient Arvalis. L'institut conseille de bien observer sa parcelle pour identifier les adventices présentes et de s’assurer de conditions humides à la prélevée (10 mm après traitement). L’association de 3 ou 4 molécules peut être utile pour avoir un spectre d’efficacité complet.
Herse étrille et butteuse
La pulvérisation localisée en prélevée du mélange Bismark CS (1,8 l/ha) + Challenge 600 (2 l/ha) combinée à la butteuse a été insuffisante dans cet essai. Pour les interventions mécaniques seules, propices en 2023 du fait de la météo, le désherbage sur l’interrang uniquement est insuffisant. La combinaison d’une herse étrille proche de la levée de la culture (stade 3 feuilles des adventices) avec une butteuse en postlevée (pommes de terre à 15 cm) apporte les meilleurs résultats. « Un climat chaud et sec est favorable aux interventions mécaniques », confirme l’institut technique. Il indique par ailleurs qu’un buttage définitif tardif, décalé de la plantation, peut faire office de désherbage quand la parcelle n’est pas très sale.
Arvalis a aussi évalué l’efficacité des plantes compagnes (cameline 2 kg/ha + trèfle d’Alexandrie 3 kg/ha + trèfle incarnat 4 kg/ha) pour concurrencer les adventices. Elles ont été sélectionnées en fonction de leur capacité à lever rapidement, de leur pouvoir couvrant et de leur faible compétitivité vis à vis de la culture. Le semis a été réalisé à la volée après buttage définitif.
Autre essai exploratoire : de la paille de blé a été installée après le buttage définitif, autant pour son effet sur les mauvaises herbes que sur les ravageurs tels que les pucerons. Il faut envisager 6 à 8 t/ha pour recouvrir entièrement les buttes et les inter-buttes. « Attention toutefois avec les chénopodes blancs, alerte Cyril Hannon. C’est une adventice difficile à contrôler et puissante, elle risque de passer à travers la paille. Les petites adventices vont, elles, couver sous la paille et ne pas se développer. »
Que ce soit avec les plantes compagnes ou le paillage, une réduction de l’infestation a été observée. Les essais des plantes compagnes couplées au désherbage mécanique devrait se poursuivre, en adaptant la densité de semis, les espèces et la date d’implantation (à la volée après la plantation des pommes de terre ou juste avant).