Face à l’augmentation des populations de sangliers, la battue administrative avait montré ses limites dans l’Indre. Même si ce dispositif reste l’ultime moyen pour contraindre des propriétaires à ce que des opérations de régulation soient organisées chez eux, la préfecture a innové en cherchant une alternative.

« Redonner la main au propriétaire »

Elle a autorisé pour la première fois en août 2024 l’organisation de « battues affinitaires », qui trouvent leur place entre la pratique habituelle de la chasse et les battues administratives. Elles sont comme ces dernières réalisées sous la responsabilité d’un lieutenant de louveterie nommé par un arrêté préfectoral, mais dans des conditions plus souples.

« Le terme affinitaire, je l’ai voulu car il renvoie à cette possibilité de redonner la main au propriétaire ou au titulaire du droit de chasse de construire sa battue en affinité avec les personnes qu’ils souhaitent convier et de la date qu’il souhaite proposer », explique Thibault Lanxade, préfet de l’Indre, qui a pour objectif de réduire les collisions routières avec le gros gibier et les dégâts sur les parcelles agricoles. Un dispositif salué par la Fédération départementale des chasseurs (FDC) et la FDSEA, mais qui avait été attaqué en référé par l'association de défense des animaux One Voice. Un recours rejeté par le tribunal administratif de Limoges. Cette affaire reste en cours puisque l'association annonçait avoir saisi le Conseil d'Etat

Une organisation plus rapide

Laurent Gandillot, président de la FDC, faisait le constat que les battues administratives étaient longues à organiser, la faute à « une lourdeur administrative » : « Le temps de sa mise en place, les animaux sont déjà partis ravager ailleurs ». Un défaut pallié par les battues affinitaires dont l’organisation est de 1 à 3 fois plus rapide, observe la DDT de l’Indre.

Imposée par l’administration, la battue administrative était également vécue comme une sanction. De manière implicite, elle signifie aux chasseurs « que n’ayant pas fait votre boulot, nous allons le faire à votre place, décrit Laurent Gandillot. C’est assez vexatoire pour les chasseurs ».

Un apaisement des relations

Le modèle affinitaire apaise également les relations, ajoute Thibault Lanxade. Certains propriétaires reprochent à la battue administrative d’être « intrusive » ou l’assimilent à « viol de propriété » constate le préfet. « Redonner la main au propriétaire pour qu’il puisse organiser lui-même cette battue et choisir ses tireurs. C’est beaucoup moins intrusif ». Et cela a un autre avantage en générant moins de tensions nées de certaines « rivalités ». Le préfet observait que, dans le cadre des battues administratives, des propriétaires s’opposaient à la présence de certains tireurs agréés qu'ils ne voulaient pas voir venir chasser chez eux.

Une pression également observée par Nicolas Rudeaux, administrateur de la FDSEA de l’Indre. « Il y avait une telle pression autour de ces battues administratives » que des tireurs « se font virer de certaines actions de chasse ». « Certains d’entre deux n’avaient plus envie de venir à ces battues administratives par peur de ne plus pouvoir chasser l’année qui suit ».

15 battues organisées la première année

Les résultats de la campagne 2024-2025 sont jugés positifs. La DDT de l’Indre a comptabilisé que sur 15 battues affinitaires mises en œuvre, 91 sangliers ont été prélevés. 5 ont été organisées pour la saison en cours. Elle confirme également que les dégâts agricoles en périphérie des lieux de battues ont diminué. Un succès pour le préfet, qui est mis en parallèle avec les « 2 à 4 battues administratives » organisées les années précédentes. Ces dernières ne disparaissent pas pour autant et peuvent être toujours imposées aux propriétaires qui refuseraient l’organisation d’une battue affinitaire que pourrait lui suggérer l’administration.

Cette initiative pourrait inspirer d’autres départements. Le préfet du Gard, deuxième département de France avec 30 000 sangliers prélevés en 2023-2024, a autorisé un dispositif analogue pour la saison de chasse 2024-2025.