À Cestas (Gironde), associé à ses parents, Thibaut Lebourg exploite sur des terres sableuses humifères une centaine d’hectares de gazon récoltés en rouleaux. La production a démarré en 2019 après que la famille a racheté l’activité d’un voisin. « À ce moment-là, nous nous questionnions sur notre diversification. Nous arrêtions notamment la production de bulbes de lys et de haricots à façon », retrace-t-il. Le gazon leur a ainsi permis de retrouver une complète autonomie sur la gestion de leurs productions, et d’harmoniser leur système d’irrigation.

Par praticité, le gazon se concentre sur les terres les plus proches du corps de ferme, où se succèdent généralement maïs (grain ou doux), gazon, maïs ou deuxième gazon, pommes de terre puis carottes, ces deux derniers étant cultivés par des voisins.

« Le travail du sol préalable est exigeant, prévient l’agriculteur. Il faut un sol bien tassé, plat et régulier pour éviter des trous dans les rouleaux. » Seul le gazon est précédé d’un labour. Une niveleuse prend ensuite le relais à trois reprises avant le passage du semoir, équipé à l’avant d’un rouleau, et à l’arrière d’une herse rotative et d’un second rouleau. 75 % des surfaces sont semées à l’automne, et les 25 % restants au printemps, à une densité de 200 à 300 kg/ha. « À titre de comparaison, un particulier est en deçà des 100 kg », précise Thibaut. Le gazon pousse pendant dix à quatorze mois en moyenne. L’objectif : le récolter au plus tôt, une fois prêt, pour limiter son entretien coûteux : à l’été, l’herbe est tondue puis ramassée tous les deux jours, et irriguée.

La machine de récolte prélève entre 0,5 et 2,5 cm de sol. ( © Thibaut Lebourg)

Les traitements se limitent à un ou deux herbicides, auxquels s’ajoute parfois un fongicide. « Une fois que le gazon a bien couvert, on est assez tranquille sur les adventices. On apporte également oligo-éléments et acides humiques », liste le producteur. Quelque 250 unités d’azote, 125 de phosphore et 250 de potassium fertilisent la culture.

« Ultra-frais »

En haute saison, la récolte journalière peut atteindre 18 000 m². « Avec deux machines, on compte dix à douze heures. Et pour la tonte simultanée, nous recrutons des saisonniers supplémentaires, reprend Thibaut. On est sur de l’ultra-frais : tout doit être reposé 48 h après la récolte. » Les rouleaux sont vendus à un metteur sur le marché, avant d’être achetés par des particuliers, des communes, des entreprises privées ou, le plus souvent, des paysagistes.

La machine scalpe le sol à un demi-centimètre pour les plus petits rouleaux de 1 m². « Il y a environ 90 % de racines. Pour certains clients en revanche, on prélève 2,5 cm et là, on exporte de la terre malgré des apports de compost. C’est pourquoi on évite un maximum ce type de produits, et surtout, on les répartit sur différentes parcelles », explique-t-il. Les écarts de tri (rouleaux troués, bandes non récoltées entre les rouleaux ou zones sous pivots) représentent 5 à 8 % de la production.

Pour ne pas abîmer le gazon, tracteurs et pulvérisateurs sont équipées de roues plus larges que la normale. Ils sont exclusivement affectés à cette production.